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mardi 21 mars 2017

Le réchauffement climatique redémarre

Après un fort épisode El Niño, suivi d’une accalmie commencée à l’été 2016, le réchauffement climatique a redémarré sans explication en ce début de printemps 2017. En mars 2017, le réchauffement global a atteint 1,25°C (courbe verte), tandis que l’indicateur précurseur, le réchauffement au sol dans l’hémisphère nord marque 2,47°C (courbe bleue).

Le début 2016 avait été marqué par la fin d’un puissant phénomène El Niño qui a fortement réchauffé les océans, principalement de l’hémisphère sud, et l’atmosphère partout ailleurs. Les eaux plus chaudes de l’océan austral ont dégelé la glace sous-marine de l’Antarctique libérant des plateformes de glace qui faisaient barrage aux glaciers, accélérant ainsi leur déroute. Les eaux chaudes des Caraïbes poussées vers le nord par le Gulf Stream ont contribué à la fonte du Groenland et de l’océan Arctique. Ce dernier devrait être quasiment libre de glaces l’été prochain.

Malheureusement, le principal facteur de dégel au nord du cercle polaire demeure le réchauffement au sol en hémisphère nord caractérisé par les plus fortes émissions de gaz à effet de serre de la planète. Avec le printemps revient le soleil dans le cercle polaire Arctique. La baisse du taux d’albédo fait que l’océan Arctique se réchauffe, ce qui va accélérer la fonte des glaces, et fera baisser encore l’albédo. Cela s’appelle une boucle de rétroaction amplificatrice. Les pergélisols terrestres et marins vont continuer à relâcher du CO2 ou du méthane CH4 avec régularité, des GES[1], ce qui réchauffe la planète et contribue à réchauffer les pergélisols. Encore une boucle de rétroaction amplificatrice heureusement plus lente. Les climatologues ont répertorié plus de 60 autres boucles de rétroaction amplificatrice. Le climat est entré en territoire inconnu[2].


Graphique avec la mise à jour de mars 2017.

Ce graphique[3] est la prolongation de celui que j’avais publié en août 2016, avec la particularité que cette fois, le réchauffement est par rapport à la période préindustrielle au lieu de, précédemment par rapport au XXème siècle. Le GIEC a défini la période préindustrielle comme antérieure à 1750[4]. Dans l’accord de Paris à la COP21, les 1,5°C ou 2°C de réchauffement global se rapportent à la période préindustrielle. Ce changement facilite ainsi la lecture du graphique. Les experts estiment la différence entre les deux périodes de référence à environ 0,2°C[5].

Les politiciens sont préoccupés par leurs réélections au lieu du basculement des températures qui nous entraîne vers une nouvelle normalité beaucoup plus chaude et pour le moment incontrôlable. Des élections ont eu lieu dans l’UE en 2016 et se poursuivront en 2017. Dans cette période des élections législatives et/ou présidentielles touchent les pays suivants : Portugal, Irlande, Slovaquie, Autriche, Royaume-Uni (BREXIT), Espagne, Estonie, Lituanie, Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Pays-Bas, France, Allemagne, République Tchèque. La situation reste instable en Italie. 16 pays sur 28 renouent des liens entre politiciens. Les élections en France et en Allemagne décideront de l’avenir de l’UE.

Toutes les crises en cours se combinent, s’amplifient et s’accélèrent : climatique, environnementale, numérique, économique, financière, sociale, culturelle, de la disparition des ressources et des espèces. Elles forment un ensemble systémique quasi impossible à contenir sans un accord beaucoup plus contraignant que celui obtenu à la COP21, faute d’avoir un pouvoir fort mondial.

En 2016 on comptait seulement 8 personnes qui possèdent la même richesse que la moitié la plus pauvre de l’humanité. Leur pouvoir de contrôle sur les médias conventionnels empêche les journalistes d’exprimer tous les tenants, aboutissants et conséquences de ces crises, parce qu’on le leur interdit ou parce qu’ils s’autocensurent. Le fait qu’ainsi une majorité de journalistes ne parlent pas de ces crises préoccupantes, les minimisent (comme la tempête Zeus), les évacuent de l’actualité, maintient les peuples dans l’ignorance de ce qui les attend à moyen ou très court terme en matière de hausses des températures et de leurs conséquences en événements de plus en plus extrêmes.

Les pouvoirs politiques et médiatiques étant défaillants, seules des associations citoyennes peuvent s’organiser pour prendre le relais, tout en se trouvant confrontées à l’hostilité des pouvoirs politiques, économiques, financiers et médiatiques. Dans l’UE, la majorité des citoyens utilise déjà les urnes depuis plus d’une décennie pour sanctionner les politiques dont l’autisme flagrant prépare une situation prérévolutionnaire, sans qu’ils veuillent l’admettre ! À moins qu’un événement climatique plus grave que d’habitude constitue un jour la goutte d’eau qui fait déborder le vase, libérant la parole qui pourra de nouveau passer normalement dans les médias.

Après cette prise de parole nouvelle, la première mission dévolue aux politiques sera l’arrêt complet des émissions de gaz à effet de serre, puis l’examen des possibilités d’extraction du CO2 de l’atmosphère, mais pour le mettre où ? Peut-être de le rejeter vers l’espace ? Les politiques ne pourront pas empêcher les gens de porter massivement plainte contre l’état pour les préjudices de son imprévoyance.

C’est l’accumulation des événements extrêmes dans des laps de temps plus courts qui provoquera des disruptions de plus en plus longues dans l’approvisionnement des produits de nécessité courante pour notre mode de vie occidental. La préoccupation d’une alimentation quotidienne va voir se dépeupler les villes au profit de la campagne où les gens peuvent  s’investir plus facilement dans la production maraîchère autonome, puis d’autres produits alimentaires.

Des groupes locaux de producteurs-consommateurs se formeront autour de l’alimentation, de l’énergie et de la mobilité. Ils assoiront l’indépendance de leurs échanges vis-à-vis de l’extérieur par l’usage de monnaies locales. De nombreux groupes locaux se sont déjà formés avec un imaginaire à la recherche de la résilience qui leur permettent d’affronter les événements extrêmes à venir. Avec un habitat résistant aux fortes intempéries, des lieux de production alimentaire protégés des inondations, des lieux de repli et de migration possibles en cas de submersion de catastrophes successives.

Maintenant que la fenêtre d’opportunités pour l’action s’est refermée, les conséquences immédiates d’arrêter ou pas les émissions de GES sont semblables sauf les conséquences à long terme. Cela jusqu’à ce que la température moyenne se soit stabilisée quelques temps après l’arrêt des émissions. Cette température moyenne sera beaucoup plus élevée qu’on ne le pense et il n’est pas sûr que ce soit compatible avec la vie humaine, sauf peut-être à certains endroits où il faudra migrer. En cas de migration, la sécurisation des centrales nucléaires jusqu’à leur démantèlement peut difficilement être assuré.





[1] Gaz à effet de serre.
[3] NOAA, National Centers for Environmental Information, State of the Climate: Global Analysis for 2012-2017, published online and retrieved between August 22, 2016 and February 21, 2017 from http://www.ncdc.noaa.gov/sotc/global/20yymm (yy=année, mm=mois)
[4] Voir dans le glossaire du GIEC la définition de « Industrial revolution »
[5] Voir dans le site du GIEC « IPCC - Climate Change 2001: Synthesis Report ; WG1 Summary ; page 29 », le graphique Figure 5 nous montre qu’en 1750 on était à environ 0,2°C en dessous de la période de référence 1961-1990 qui est sensiblement la même que celle du xxème siècle. Les experts consultés sont Michael E. Mann Pennsylvania State University et David Spratt « As 2015 smashes temperature records, it’s hotter than you think », 4ème graphique.

mercredi 7 décembre 2016

Le Climatoblogue

Nous avons la chance exceptionnelle, depuis un an et demi, de disposer d'un site en français qui nous explique les toutes dernières avancées scientifiques sur le changement climatique. Car les nouvelles données scientifiques proviennent de climatologues, glaciologues, scientifiques reconnus dont les documents rédigés en anglais ont été évalués par leurs pairs avant d'être publiés. C'est la synthèse de ces informations qui nous sont proposées en français dans le Climatoblogue.


Le lecteur que je suis, a reçu chacune de ces nouvelles informations comme un véritable coup de poing qui vous laisse entre l'accablement et le besoin irrépressible d'en avertir ses contemporains. Le Climatoblogue démarre en avril 2015 pour combler le vide informatif des médias Francophones au sujet des changements climatiques et aussi pour contrer la désinformation qui règne partout, gracieuseté de l'industrie des combustibles fossiles qui utilise les mêmes tactiques utilisées lors de la campagne de désinformation sur les méfaits du tabac, y compris les débats. Vous vous souvenez ?

La situation climatique a atteint et même dépassé un stade critique. On le sait, la fonte des glaces du Groenland et de lAntarctique est irréversible, impossible à ralentir, et s'accélère chaque jour. Idem pour l'acidification des océans causée par absorption du CO2. De plus, 93 % de la chaleur retenue par l'effet de serre est absorbée par les océans. Dès lors l'oxygène des océans se réduit par place au point de disparaître dans des zones mortes qui se multiplient, faisant disparaître la vie aquatique, et mettant en difficulté la chaîne alimentaire humaine.

Le Climatoblogue, au contraire de l'information médiatique, vous explique le rôle prépondérant et catastrophique de l'océan Arctique dans le réchauffement climatique en cours. La fonte des glaces de l'Arctique par l'action du Gulf Stream et des vents va libérer totalement la navigation en fin d'été avant 2020. Fin octobre 2016 sa température de surface était de 20°C supérieure à la même période du siècle dernier. Sur ses rivages le pergélisol (sol gelé en permanence ou permafrost) accélère son dégel d'année en année, révélant des tourbières que traverse le méthane sous-jacent. Les hydrates de méthane, au fond de l'océan Arctique emprisonnent beaucoup de méthane dont vous parlera le Climatoblogue.

Les records de réchauffement tombent mois après mois, année après année. Comme je l'ai précisé dans ce blogue 2 articles plus tôt, le réchauffement climatique a dépassé un point de basculement qui nous écarte définitivement de l'état d'équilibre qu'a connu notre planète bleue depuis des millénaires. Sauf si l'espèce humaine trouvait un peu de temps pour extraire de l'atmosphère 70 % du CO2 qui s'y trouve et le stocker quelque part de manière pérène. Le faire assez vite et assez massivement pour contrer l'accélération en cours n'a pas encore été démontré. La seule chose que nous savons depuis 40 ans, et que nous n'avons pas encore entrepris, c'est de remplacer l'usage des énergies productrices de CO2 par des énergies renouvelables.

C'est l'ensemble de toutes ces informations que vous pourrez trouver sur un seul site : Le Climatoblogue.
Bonne lecture.


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vendredi 12 août 2016

Réchauffement climatique : Dépassement du Point de Basculement


La fenêtre d’opportunité permettant d’agir contre le réchauffement climatique pour le contenir en-dessous de 2 degrés Celsius - selon les engagements mondiaux pris à la COP21 - est en train de se refermer, et le sera probablement complètement en 2017.

Depuis 2015, les mesures mensuelles du réchauffement de la planète montrent une accélération non linéaire notamment en 2015 et ces six premiers mois de 2016. Parmi ces mesures celles qui accélèrent le plus sont les températures du réchauffement au sol dans l’Hémisphère Nord: +1,44°C en moyenne pour 2015, +1,37°C en juin 2016, le record étant de +2,72°C en mars 2016. (1)

La courbe du réchauffement au sol dans l'Hémisphère Nord s'infléchit radicalement vers le haut. Il semble que nous vivions en ce moment le Point de Basculement (en anglais: Tipping Point) du réchauffement au sol dans l'hémisphère Nord. Ces mesures sont celles qui accélèrent le plus d’octobre à avril en 2015 et 2016. Elles vont inévitablement entraîner à leur suite le réchauffement accéléré de tout l'hémisphère Nord (sols et océans), et de toute la planète, avec cependant un petit retard dû à l'hémisphère Sud.

Le véritable changement climatique c'est maintenant, ce n'est pas pour nos petits enfants mais pour la génération présente.


Aux conséquences visibles que nous connaissions déjà (fontes des glaciers, de la calotte polaire Arctique, inondations, sécheresses, feux de forêts, ouragans et typhons plus dévastateurs) s'ajoutent maintenant la fonte du pergélisol (sol qui reste gelé en permanence) en Sibérie du nord et de l'est, dont la conséquence est de libérer le méthane emprisonné dans les immenses étendues de marais et tourbières que le gel retenait jusqu'à présent. Le méthane est un Gaz à Effet de Serre (GES) 36 fois plus agressif que le dioxyde de carbone. Le pergélisol du Groenland pourrait fondre rapidement à son tour libérant encore plus de méthane.

Pendant le renouvellement des dirigeants politiques occidentaux à la charnière 2016-2017 (Etats-Unis, France, Allemagne, Royaume-Unis) leurs préoccupations sont bien loin du réchauffement climatique. Les candidats en lice nous montrent un probable délitement politique et démocratique à venir pendant cette très petite période cruciale qu’il reste pour ramener le réchauffement climatique en-dessous de 2 degrés Celsius. Il faut rappeler que la limite des 2 degrés est la condition de la survie décente de l’espèce humaine sur la planète

Aux États Unis, « l’establishment » (political insiders) conservateur Républicain est complètement coincé dans le déni du réchauffement climatique (pour eux c’est un complot mené par 97% des scientifiques, et par le parti Démocrate). La majorité des Américains sont d’accord de faire passer le business avant le climat.

Du côté des banques centrales,  on s’empiffre aux dettes générées par les coûts croissants de l'énergie nécessaire pour faire tourner l’économie en mode « business as usual. » En sachant que cette planche à billets ne profite qu’au 0,1 % !

On peut résumer la situation par des corrélations fortes entre plusieurs énormes crises qui nous arrivent ensemble, tel le soliton cher à Paul Jorion.

1.      La crise environnementale: réchauffement climatique, disparitions des ressources fossiles, des espèces et végétaux dont nous dépendons.

2.      La crise économique et financière: incapacité des pays de la planète à coordonner leurs actions à la hauteur des enjeux climatiques imminents : appauvrissement des classes sociales, incapacité d'orienter les ressources financières vers les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique de l’habitat et les transports électriques.

3.      La crise sociale: suspicions envers les élites et les politiques, perspective d’adaptation forcée et rapide à une agriculture biologique locale résiliente et auto suffisante, à une auto production énergétique autarcique.

Avant que cette fenêtre d’opportunités pour l’action ne se ferme, la production des gaz à effet de serre devrait presque quasiment s'arrêter, ce qui signifie un arrêt brutal de la presque totalité de l’extraction de toutes les formes d’énergie fossiles, et des conséquences très brutales sur l’arrêt du mode de vie occidental par absence d’alternatives vraiment disponibles !

Ce qui semble être le plus inquiétant sont les centrales nucléaires. Car, si leur arrêt était décidé, il faut plus d'un an pour les refroidir et des années, voir des décades, pour les démanteler. Ce qui suppose de disposer d'énormes quantités d'énergie pendant le temps nécessaire, car en cas de défaillance l'énormité des territoires devenus inaccessibles contraindrait à des migrations supplémentaires.

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(1) NOAA National Centers for Environmental Information, State of the Climate: Global Analysis for 2012-2016, published online and retrieved on August 22, 2016 from http://www.ncdc.noaa.gov/sotc/global/20yymm (yy=année, mm=mois) 

mardi 10 mars 2015

Un Avenir ?


Des emplois nouveaux

Faire passer le régime énergétique mondial des combustibles fossiles et du nucléaire vers les énergies renouvelables va nécessiter des millions de travailleurs dans de nouvelles entreprises. Des millions d’immeubles seront à isoler parfaitement avant d’y implanter une autoproduction d’électricité et de chaleur. Au plan local, la gestion ‘smart-grid’[1] des petits producteurs d’électricité verte va employer des centaines de milliers de travailleurs dans toutes les villes et communes.

L’installation d’unités locales de stockage d’électricité, comme par exemple sous forme d’hydrogène[2], représente un tout nouveau secteur d’activité à créer.

Des emplois dans le secteur ‘non profit’

Dans l’avenir l’emploi va migrer des secteurs traditionnels, agriculture, industrie, commerce, services, vers le secteur ‘non profit’[3] c’est-à-dire à but non lucratif. C’est le secteur ou l’emploi augmente le plus vite. Il compte des millions de bénévoles, mais aussi des millions d’actifs avec un emploi, par exemple en Belgique, sur une croissance de l’économie totale en 2007 de 3,6 %, la croissance du ‘non profit’ est de 7 %.

Dans une étude[4] sur 42 pays, 56 millions de travailleurs salariés à plein temps travaillent aujourd’hui dans le secteur ‘non profit’, par exemple les Pays-Bas 15,9 % de salariés, en Belgique 13,1 %, au Royaume-Uni 11 %, en France 9 %, en Allemagne 6,8 %, moyenne 5,6 % sur 42 pays.

Les travailleurs du secteur ‘non profit’ sont composés de 42% de bénévoles et de 59 % de salariés. Les revenus des organismes ‘non profit’ proviennent à 50 % de revenus pour services rendus, à 36 % de subventions du secteur public, et à14 % de dons.

Aujourd’hui les gens se disent : je peux me servir de l’Internet pour partager toutes sortes de choses qui ne sont pas hors ligne dans le monde réel. Notamment les sites de location, les distributions de denrées alimentaires, les échanges culturels, les échanges de compétences professionnelles.

Avec son taux de croissance plus rapide, le ‘non profit’ ne sera plus un secteur de niche dans l’économie, mais deviendra le paradigme dominant.

Le consumérisme

Le consumérisme est un système pathologique qui fonctionne sur une liquidité préservée des produits et sur une consommation qui augmente sans cesse. Il s’effondre dès que l’un des deux se bloque. Sa pathologie est basée sur une double angoisse : celle d’un consommateur à la recherche de nouveautés pour afficher un statut social, et celle d’un entrepreneur à la recherche d’innovation pour ne pas être distancé par le marché de la consommation.[5]

Le passage rapide et irréversible de la Chine à une culture consumériste compromet toute tentative de réduire les émissions de CO2 qui porteraient atteinte à la croissance, et leur gouvernement perdrait toute légitimité politique s’il s’avisait de mettre en place les mesures exigées par les experts du changement climatique.[6]

Le changement climatique

Le changement climatique qui a lieu en ce moment à cause de l'augmentation de la concentration de CO2 est en grande partie irréversible pour 1000 années après l'arrêt des émissions.[7]

La base de l'hypothèse selon laquelle un choix peut toujours être fait pour réduire rapidement les émissions et ainsi inverser sans mal dans quelques années ou décennies les émissions de CO2, est fausse en raison de la longévité de la perturbation due au CO2  et au réchauffement atmosphérique et des océans. Des changements climatiques irréversibles dus aux émissions deCO2 ont déjà eu lieu, et les émissions futures de CO2 impliqueraient d'autres effets irréversibles pour la planète.

Une augmentation de 4°C de la température moyenne de la Terre détruira 85% de la forêt tropicale Amazonienne. Une augmentation de 4°C de la région Arctique nous rapproche terriblement du seuil de libération du CO2 et du méthane CH4 actuellement piégé dans le pergélisol (sol gelé en permanence) de Sibérie et du Groenland.[8]

La1ère cause du bouleversement climatique réside dans le pouvoir politique du lobby des combustibles fossiles, semant le doute dans l’opinion publique, et réussissant à éviter la limitation des gaz à effets de serre. Il est ahurissant qu’ils aient pu rester impunis jusqu’à présent.[9]

Figure 1. Etat actuel et évolution
si on ne prend pas de mesure.[11]
(cliquer pour agrandir)
La préoccupation du changement climatique est devenue plus forte chez les électeurs européens en 2014, mais ils se sentent impuissants individuellement. Ceci peut angoisser les plus préoccupés à un tel point que des psychologues mettent au point des stratégies destinées à gérer le malaise provenant des messages de la climatologie. Les stratégies les plus adéquates acceptent positivement les faits climatiques et les émotions qu’ils véhiculent quant à la réflexion sur notre propre avenir, celui de nos enfants et plus généralement celui de la planète. Ce qui réclame une solidité émotionnelle pour ne pas se laisser submerger.[10]


Evolution dans le temps de l’humanité
Le 1er groupe de 3 graphiques ci-dessous montrent, l’état actuel de la planète, et ce qui se produira jusqu’à l’an 2100, sur les plans de l’état de la planète, le niveau de vie matériel et le bien-être humain si on ne prend aucune mesure.[11]

Le 2nd groupe de 3 graphiques est le meilleur scénario qui aurait cherché, à partir de 2002, à stabiliser la population, et la production industrielle par habitant. Tout en créant des technologies relatives à la limitation de la pollution et en appliquant la transition énergétique, en réduisant l’exploitation des ressources de la planète et en transformant l’agriculture vers le bio.[12]

En guise de conclusion

Je pense que, pour être juste, la planète nous voit probablement comme une menace légère. Quelque chose à traiter. Et je suis sûr que la planète va se défendre à la manière d'un grand organisme, comme une ruche ou une colonie de fourmis, et se rassembler pour prépare sa défense.

Figure 2. Meilleur scénario si
on prend des mesures pour faire
évoluer nos comportements.[12]
(cliquer pour agrandir)
L'éthique - une éthique non-idéologique - permettrait d'apporter de l'équilibre et un ordre social plus humain. Dans cet esprit, j'invite les experts financiers et les dirigeants politiques à méditer les paroles d'un des sages de l'antiquité: «Ne pas partager sa richesse avec les pauvres c'est les voler et leur enlever leur gagne-pain. Car ce n'est pas nos propres biens que nous détenons, mais les leurs ". Le Pape François.
__________________________________

2. Voir Transition vers les énergies renouvelables dans ce blog. Voir les sites Hydrogenics et McPhy.
3. Voir à ce sujet ‘La Nouvelle Société du Coût Marginal Zéro’, de Jeremy Rifkin, 2014, pp. 398-402.
4. Voir ‘Putting the Civil Society Secteur on the Economic Map of the World’ (Situer la société civile sur la carte du monde), Lester Salamon, John Hopkins University, aux Etat-Unis.
5. Voir ‘Le besoin d'éthique dans le consumérisme nous détourne de la transition vers les énergies renouvelables’ dans ce blog. Voir aussi ‘Prospérité sans croissance La transition vers une économie durable’ dans ce blog.
6. Voir ‘Requiem pour l’Espèce Humaine’ de Clive Hamilton, page 111.
7. Voir ‘Irreversible Climate Change Due to Carbon Dioxide Emissions’, Susan Solomon et autres.
8. Voir ‘Requiem pour l’Espèce Humaine’ de Clive Hamilton, page 22.
9. Ibid. page 137.
10. Ibid. page 140
11. Voir ‘Les limites à la croissance (dans un monde fini)’, 2004(en) 2012(fr), de Donella Meadows, Dennis Meadows, Jorgen Randers, page 249.
12. Ibid. page 347.


samedi 4 janvier 2014

L'ÉVÉNEMENT ANTHROPOCÈNE
La terre, l'histoire et nous

Pour des raisons climatiques, il faut absolument des choix politiques de contraintes énergétiques, bien avant que les prix de l'énergie nous forcent à changer de modèle.
Extraits choisis:
« L'Événement Anthropocène bouleverse les sciences humaines et sociales et ébranle leurs paradigmes et leurs catégorisations. Ce sont désormais les sciences du système Terre, et non plus les historiens, qui nomment l'époque géologique dans laquelle nous vivons. Certes, un vertige nous prend, une perte de repère pour les humanités environnementales, à devoir penser désormais l'agir humain aussi à l'échelle géologique de dizaines de milliers d'années.

L'Anthropocène est le concept philosophique, religieux, anthropologique et politique le plus décisif jamais produit comme alternative aux idées de modernité. Les travaux des années 1970 sur l'impossibilité d'une croissance indéfinie dans une planète finie furent soigneusement mis sous le boisseau par les promesses rassurantes de l'innovation technologique et par ce mot d'ordre du "développement durable". Alors que ces travaux prônaient une économie au service du social et à l'intérieur des limites biophysiques de la planète, le discours du "développement durable" qui s'imposa à partir des années 1980 affirmait mettre en négociation trois pôles bien identifiés: l'économique, le social et l'environnement.

Au lieu de cela on a fait de l'environnement une nouvelle colonne dans la comptabilité des entreprises: les nouveaux "services écosystémiques" feront l'objet de marchés ; la biosphère, l'hydrosphère et l'atmosphère deviendrons de simples sous-systèmes de la sphère financière et marchande. L'un des aspects déterminants dans le passé de l'Anthropocène fut la capacité à rendre politiquement inoffensives les dégradations et les critiques.

Depuis Spoutnik, des milliers de satellites encerclent la Terre en boucles de 90 minutes. Leurs ondes enveloppent le globe d'une deuxième atmosphère, une techno-sphère. Le réseau dense des données issues d'observations satellitaires et la lourde infrastructure informatique qui permet de les traiter font à la fois partie de "ce qui nous sauve", en nous permettant de mieux connaître les impacts humains sur le système Terre, et de ce qui nous a perdu, en ce qu'ils participent du projet de domination absolue de la planète qui est une des causes de notre enfoncement dans la période d'Accélération de l'Anthropocène après 1945. La part de responsabilité écrasante dans le changement climatique des deux puissances hégémoniques du XIXe siècle (le Royaume-Uni) et du XXe siècle (les Etats-Unis d'Amérique) témoigne du lien fondamental entre la crise climatique et les entreprises de domination globale.

Dès lors qu'il n'est plus possible de s'abstraire de la nature, il s'agit de penser avec Gaïa. Une des tâches majeures de la philosophie contemporaine est sans doute de repenser la liberté autrement que comme arrachement aux déterminations naturelles ; d'explorer ce qui peut être infiniment enrichissant et émancipateur dans ces attachements qui nous relient aux autres êtres d'une Terre finie. Que nous reste-t-il d'infini dans un monde fini ?

A l'heure de l'Anthropocène, le fonctionnement de la Terre toute entière devient une affaire de choix politiques humains. L'Anthropocène est politique en ce qu'il implique d'arbitrer entre divers forçages humains antagonistes sur la planète, entre les empreintes laissées par les différents groupes humains, par différents choix techniques et industriels, ou entre différents modes de vie et de consommation. Il importe alors d'investir politiquement l'Anthropocène pour surmonter les contradictions et les limites d'un modèle de modernité qui s'est globalisé depuis deux siècles, et explorer les voies d'une descente rapide et équitablement répartie de l'empreinte écologique des sociétés. La bonne politique sera celle qui réalisera la "mise en œuvre avisée" des savoirs neutres de la science ; l'humanité deviendra écologiquement soutenable lorsque le message de la science l'aura bien pénétrée et qu'elle aura adopté ses solutions.

L'histoire de l'énergie est surtout celle de choix politiques, militaires et idéologiques qu'il faut analyser en historien, c'est-à-dire en les rapportant aux intérêts et aux objectifs stratégiques de certains groupes sociaux. Avoir cette lecture de l'histoire énergétique est particulièrement important dans le contexte climatique actuel : le recours aux pétroles non conventionnels et aux gaz de schiste montre qu'on ne saurait laisser les réserves "naturelles" dicter le tempo de la transition énergétique. Pour des raisons climatiques, il faut absolument produire une contrainte politique bien avant que le "signal prix" nous force à changer de modèle !

L'Anthropocène est un point de non-retour. Il faut donc apprendre à y survivre, c'est-à-dire à stabiliser le système Terre dans un état un tant soit peu habitable et résilient, limitant la fréquence des catastrophes, sources de misère humaine. Mais aussi à y vivre, dans la diversité des cultures et l'égalité des droits et des conditions, dans des liens qui libèrent les altérités humaines et non humaines, dans l'infini des aspirations, la sobriété des consommations, et l'humilité des interventions. Ce qui peut nous aider à habiter l'Anthropocène n'est donc pas une science trop sûre d'elle-même, ce n'est pas "la présomption d'un savoir suffisant, mais la reconnaissance de notre ignorance". Loin de l'avènement d'un "âge de l'homme", l'Anthropocène témoigne donc de notre impuissant pouvoir.

Quelles paroles faut-il semer, pour que les jardins du monde redeviennent fertiles ? Quelles histoires faut-il écrire pour apprendre à vivre l'Anthropocène ? »

dimanche 8 décembre 2013

Le besoin d'éthique dans le consumérisme nous détourne de la transition vers les énergies renouvelables


Notre activité de consommateur a modelé notre identité personnelle : choix de produits de marques, recherche de la mode dernier cri, frustrations engendrées par la rapidité des évolutions technologiques. Dans la mesure où cette activité nous conforte psychologiquement au jour le jour, l’exigence de moraliser le consumérisme devient une exigence de changer ce que nous sommes.

Nos désirs de consommateur dépassent notre capacité d’utilisation des produits que nous achetons. Car il y a des limites à ce que nous pouvons manger, porter, regarder, et au nombre de pièces occupables simultanément dans notre logement. Entre ce que nous achetons et ce que nous utilisons durablement, il y a le gaspillage qui empire avec le développement du consumérisme. La culpabilité d’acheter des objets inutiles est d’autant plus forte que les revenus des gens sont faibles. Au fil du temps, les jeunes gaspillent plus et culpabilisent moins que leurs aînés.

Dès lors, il apparaît évident que c’est un devoir moral de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) liés à l’achat de biens qui sont gaspillés, utilisés très brièvement, et donc de faire correspondre nos désirs de consommateur à nos besoins durables d’utilisateur.

Changer notre façon de consommer revient à renoncer à notre identité telle qu’elle nous est imposée par l’industrie manufacturière ; donc à nous défaire positivement de notre culpabilité sur notre responsabilité individuelle quant au changement climatique. Nos choix individuels visant la réduction des émissions de GES n’impliquent pas de renoncer à notre confort, car un changement dans nos comportements individuels n’a collectivement qu’un effet minime sur le réchauffement climatique.

Les politiques et les puissants groupes internationaux cherchent à déplacer leur responsabilité sur les problèmes environnementaux et énergétiques vers la sphère des comportements individuels où le coupable c’est la « nature humaine ». Le débat public actuel exempte les institutions et les entreprises qui pérennisent et augmentent les dégradations à l’environnement et les émissions de GES, en laissant croire que les comportements individuels dans nos décisions d’achats vont y changer quelque chose. Ce faisant, ils font de l’éthique consumériste une marchandise !

Au lieu de rechercher les solutions énergétiques permettant de résoudre les facteurs systémiques qui sont la cause du réchauffement climatique, ils orientent la discussion sur le plan de la morale individuelle. On nous demande d’acheter des produits éco-compatibles, d’isoler nos maisons, de recycler nos déchets, etc. Sans critiquer l’utilité indéniable de ces activités, focaliser sur elles nos espoirs et les présenter comme la solution aux problèmes climatiques, détourne complètement les esprits des vraies solutions et bloque la transition énergétique vers les énergies renouvelables.

Les espoirs de changement ne doivent pas être placés prioritairement sur le consommateur, mais sur le citoyen. Car les vraies solutions constituant la transition vers les énergies renouvelables ne viendront pas de notre comportement dans un supermarché, mais de notre choix dans l’isoloir.

En fait, le changement climatique est un problème collectif global pour l’espèce humaine. Il requiert des actions politiques globales très fortes et d’en verrouiller la mise en place par l’ensemble des gouvernements de la planète.

Bien sûr, la transition énergétique nécessite d’énormes investissements pour le développement et l’utilisation effective de transports ‘verts’ et d’unité ‘vertes’ de productions industrielles. L’ordre de grandeur de ces investissements à l’échelle mondiale est à rapprocher du montant quotidien de 100 trillions d’euros constituant l’ensemble des transactions financières dans le « shadow banking » et à travers les plateformes financières qu’on appelle les « dark pools ». Cette course vers toujours plus de revenus financiers, se révèle être le syndrome pathologique d’une addiction à l’argent pour laquelle on devrait se pencher vers une réponse médicale…

Ces montants faramineux qui restent majoritairement inutilisés dans l’économie réelle, devraient être bloqués et redirigés par les gouvernements vers la transition énergétique(1). Ensuite, les Etats devront empêcher tout risque systémique bancaire en interdisant les opérations constituant des « paris » sur les prix des produits financiers, par une législation globale appropriée. Sa mise en place doit être mondiale et simultanée. Toute velléité du ‘système’ financier de se réinvestir dans une nouvelle bulle immobilière ne peut être contrecarrée que par une ‘saisie’ globale des avoirs.  

La réorientation de cette masse énorme d’argent en investissements dans les énergies renouvelables surabondantes(2), pour une transition énergétique dans le cadre de l’économie réelle contrôlée par les Etats, permettrait de rendre gratuitement les ménages énergétiquement autonomes et indépendants.