Petit manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes
Pablo Servigne et Raphaël Stevens
Par Michel-Pierre Colin.
Les auteurs avaient choisi ce titre pour leur livre, mais l'éditeur a
changé ce « va » en « peut » pour des raisons commerciales.
C'est pourquoi il faut rétablir la certitude qui existe dans l'esprit de Pablo
Servigne et de son coauteur, de l'effondrement très proche (la génération
présente) du monde tel que nous le connaissons y compris celle du genre humain
sur la planète Terre.
Dans les conversations on entend de plus en plus souvent des expressions
comme : « on va droit dans le mur », « les animaux sont en
pleine extinction des espèces », ou « pourquoi font-ils encore des gosses par les temps qui courent ». Les médias parlent de catastrophe pour les
avions qui s'écrasent, les trains qui déraillent, mais ne parlent pas des
catastrophes qui durent, celles qui ne suivent pas le rythme de l'actualité,
comme les crises environnementales, économiques, énergétiques, climatiques, qui
ont passé des points de non-retour. Toutes ces crises sont interconnectées et
se nourrissent les unes des autres.
Ce livre nous apporte un immense faisceau de preuves, avec plus de 400
références, qui suggèrent que nous faisons face à des instabilités systémiques
de plus en plus grandes. Elles menacent certains peuples, voire les humains
dans leur ensemble, à se maintenir dans un habitat viable. Il s'agit d'un
effondrement pour lequel les auteurs reprennent la définition d'Yves Cochet : « l'effondrement
est le processus à l'issue duquel les besoins de base (eau, alimentation,
logement, habillement, énergie, etc.) ne sont plus fournis [à un coût
raisonnable] à une majorité de la population par des services encadrés par la
loi ».
Les auteurs utilisent la métaphore de la voiture pour nous expliquer les
notions de limites infranchissables et de frontières transgressibles. La
disponibilité du carburant est une limite infranchissable dont j'ai déjà parlé
dans « Les
limites à l'extraction du pétrole et autres minerais ».
En définitive, nous payons nos énergies en créant de la dette qui est
reprise par nos banques centrales (en Europe au rythme de 80 milliards d'euros
par mois). Maintenant que le coût de ces ressources devient trop élevé, le
système basé sur la dette ne fonctionne quasiment plus. Le plus urgent pour
l'avenir est de savoir combien de temps notre système économico-énergétique
peut encore tenir. Nous vivons les derniers toussotements du moteur de notre
voiture qui représente notre civilisation industrielle avant son extinction.
Les frontières franchissables pour notre voiture sont des sorties de
route qui nous amènent sur des seuils de basculement au-delà desquels il n'est
plus possible de revenir en arrière comme le réchauffement
climatique qui provoque des événements extrêmes comme tempêtes,
ouragans, inondations, sécheresse, pénuries d'eau, vagues de chaleur plus
longues et plus intenses. On constate déjà des contrecoups comme la fonte des
glaces aux pôles et des glaciers, la modification de la circulation des
courants océaniques, des pénuries d'eau, la propagation de maladies
contagieuses, la prolifération de ravageurs et de nuisibles, l'extinction de
nombreuses espèces vivantes, la destruction des écosystèmes, la diminution des
rendements agricoles, des pertes économiques, des troubles sociaux et de
l'instabilité politique.
« Le dernier rapport du GIEC indique la possibilité de rupture des
systèmes alimentaires qui augmentera les risques de guerres civiles et de
violences intergroupes. Mais le problème de ce rapport est qu'il ne prend pas
en compte les effets amplificateurs des nombreuses boucles de rétroactions
climatiques, comme la libération de grandes quantités de méthane dues au dégel
du pergélisol. Or, ces boucles sont susceptibles de se déclencher à partir de
+3°C ou +4°C. Au-delà, il est très difficile de décrire précisément ce qui
pourrait advenir. Néanmoins, les scénarios des experts sont en général unanimes
et virent très rapidement à la catastrophe » (page 73).
« Pour que les paléontologues parlent de « sixième extinction
de masse » il faudra arriver à ce que plus de 75% des espèces de la
planète disparaissent. (N.B. 58% a été annoncé). Pourtant la société ne
reconnaît pas encore le déclin de la biodiversité comme un facteur majeur de
changement global, au même titre que d'autres crises qui mobilise la communauté
internationale, comme le réchauffement climatique, la pollution, le trou dans
la couche d'ozone ou l'acidification des océans » (page 81).
D'autres frontières planétaires ont été transgressées : le changement
climatique, la biodiversité, le changement d'affectation des sols (déclin des
forêts), les grands cycles biogéochimiques de l'azote et du phosphore. Ces
quatre domaines sont des frontières qui ont été perturbées de manière
irréversible.
L'effondrement est maintenant plus proche. Il n'est donc plus question
d'arrêter net l'usage des énergies fossiles car cela mènerait à un effondrement
économique, social et politique, et peut-être à la fin de la civilisation
thermo-industrielle. Mais, maintenir en route le moteur de notre voiture mène à
transgresser plus de frontières, donc à d'autres points de basculement
climatiques, écologiques, doublé d'un effondrement du genre humain.
Nous sommes prévenus :
« Aujourd'hui nous sommes sûrs de quatre choses :
1. La croissance physique de nos sociétés va s'arrêter dans un futur
proche ;
2. Nous avons altéré l'ensemble du système Terre de façon irréversible ;
3. Nous allons vers un avenir très instable, « non linéaire »
(exponentiel) dont les grandes perturbations seront la norme ;
4. Nous pouvons désormais être soumis potentiellement à des effondrements
systémiques mondiaux » (pages 129-130).
Y-a-t-il des signaux précurseurs d'un effondrement ? Pas vraiment. Les
tentatives de développer des signaux avant-coureurs ont échoué ou ne font pas
consensus pour le moment entre chercheurs. Il est conseillé d'adopter une
attitude de « catastrophisme éclairé » : agir comme si ces
changements abrupts étaient certains, et tout faire pour qu'ils ne se réalisent
pas.
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Les chercheurs ont modélisé des scénarios alternatifs menant à des effondrements et se sont aperçus qu'ils pouvaient stabiliser un monde soutenable en modifiant simultanément plusieurs paramètres à partir de 1980. Ces paramètres sont :
- Stabiliser la population mondiale ;
- Stabiliser (limiter) la production industrielle ;
- Diminuer les niveaux de pollution et d'érosion des sols.
Ce scénario d'équilibre devait permettre à moins de 8 milliards
d'habitants de vivre à un niveau de vie proche de ce que nous connaissons. Ceci
a été publié pour la 3ème fois en 2004. Les mises à jour du modèle en 1992 et
2002 ont confirmé les résultats initiaux et ont montré que rien n'a été fait
pour éviter le scénario « business as usual », c'est à dire le pire
scénario. Le modèle a résisté à 40 ans de violentes critiques et a corroboré 40
ans de faits.
L'effondrement de la civilisation industrielle est un predicament, mot anglais qui désigne une
situation inextricable, irréversible et complexe pour laquelle il n'y a pas de
solution. Mais il y a cependant des choses à faire sur le plan local pour créer
les conditions résilientes de vie ultérieure. Selon l'ingénieur russo-américain
Dmitry Orlov qui a étudié l'effondrement soviétique, on peut décomposer
l'effondrement en cinq stades, dans un ordre de gravité croissant, constituant
l'échelle d'Orlov : financier, économique, politique, social, culturel et
écologique[i]
Plus sérieusement, le modèle d'effondrement systémique basé sur l'étude
des dynamiques des systèmes complexes et des réseaux (pages 193-194) décrit
notre civilisation comme un système hautement complexe avec (1) dépassement de
points de basculement invisibles, (2) des relations de causalité non-linéaires,
(3) des boucles de rétroaction amplificatrices nombreuses. Ce modèle prédit des
dépassements de seuil inaperçus avec effets ultérieurs non-linéaires et
brutaux. Dans des situations d'urgence notre capacité adaptative (résilience
des institutions et des hommes) est réduite et nous rend moins aptes à
organiser des « relances ».
Dans cet ordre d'idées, le problème majeur est le risque nucléaire.
Devant le désintérêt de la génération présente à acquérir ce savoir, devant les
jeunes diplômés qui quittent la filière, et devant le départ en retraite de la
moitié du personnel travaillant dans les centrales nucléaires, comment va-t-on « gérer »
le risque nucléaire dans des situations d'urgence ? Ces importantes pertes de
compétences sont déjà de nature à déclencher un effondrement. Il faut toujours
garder à l'esprit que l'arrêt définitif d'un réacteur demande un an de
refroidissement et au moins une décennie pour son démantèlement avec toute
l'électricité et le carburant nécessaire pour ce faire. De plus, qui pourra
garantir le maintien en poste de centaines de techniciens et d'ingénieurs
chargés de ces opérations ? Outre les causes d'accident déjà relevées à
Tchernobyl et Fukushima, le réchauffement climatique ajoute de nouvelles
instabilités comme les inondations tempétueuses et le manque d'eau de
refroidissement et des effets indirects liés aux migrations comme le terrorisme
et les conflits armés.
Dans l'étude de l'être humain face à l'effondrement, on ne peut écarter
l'examen de la démographie. Aborder le sujet en public est absolument tabou,
car cela amène toujours à la même question : « Vous voulez faire comme en
Chine, c'est ça ? ». Le chiffre de 9 milliards en 2050 est une prévision
mathématique sortie d'un modèle théorique qui peut s'énoncer : la population devrait arriver à 9 milliards en 2050 toutes choses étant égales par ailleurs.
Pour l'équipe Meadows au MIT, la démographie du système-Terre, marqué
par l'instabilité de notre civilisation industrielle, mène à un déclin
irréversible et incontrôlé à partir de 2030. L'être humain est partagé entre
les imaginaires cornucopien – l'avenir est un progrès continu et illimité grâce
à la technologie et à l'inventivité – et malthusien – l'avenir arrive à un
moment où des limites ne permettent plus de continuer une croissance
démographique continue – ce qui l'amène à alterner ces imaginaires au cours des
cycles millénaires de civilisations : naissance, croissance, stagnation,
déclin, puis renaissance ou extinction.
Selon Harald Welzer, la sociologie de l'effondrement montre comment une
société peut lentement et imperceptiblement repousser les limites du tolérable au
point de remettre en cause ses valeurs pacifiques et humanistes et sombrer dans
l'inacceptable. C'est le cas des politiques de plus en plus agressives envers
les migrants déjà touchés par les catastrophes. Les grandes catastrophes
peuvent ainsi induire une colère généralisée des populations envers les
gouvernements et les institutions dans les prochaines années.
Après une catastrophe qui suspend les activités normales et cause des dommages sérieux à une communauté, la plupart des gens montrent des comportements extraordinairement altruistes, calmes et posés. Certains prennent même des risques insensés pour aider les personnes autour d'eux. L'image d'un être humain égoïste et paniqué n'est absolument pas corroboré par les faits. Nous entrons bientôt dans l'ère de l'entraide. Par contre, en cas d'effondrement énergétique les individualistes seront les premiers à mourir. En cas d'effondrement à répétition (p.ex. effondrement boursier puis énergétique) certains seront obsédés par revenir à l'ordre antérieur, d'autres se concentreront sur la pérennité des institutions, et d'autres en profiteront pour changer l'ordre social.
Après une catastrophe qui suspend les activités normales et cause des dommages sérieux à une communauté, la plupart des gens montrent des comportements extraordinairement altruistes, calmes et posés. Certains prennent même des risques insensés pour aider les personnes autour d'eux. L'image d'un être humain égoïste et paniqué n'est absolument pas corroboré par les faits. Nous entrons bientôt dans l'ère de l'entraide. Par contre, en cas d'effondrement énergétique les individualistes seront les premiers à mourir. En cas d'effondrement à répétition (p.ex. effondrement boursier puis énergétique) certains seront obsédés par revenir à l'ordre antérieur, d'autres se concentreront sur la pérennité des institutions, et d'autres en profiteront pour changer l'ordre social.
Cette transition vers une autre société nous oblige à travailler notre imaginaire,
donc de nous faire des récits pour inverser ces spirales de violence et de
pessimisme. Des récits qui rejettent toute dissonance cognitive et tout déni.
Soyons les transitionneurs qui inventent leur propre avenir. Car les
initiatives de transition libèrent les gens de ces sentiments d'impuissance
tellement toxique et répandue dans la population. L'urgence est de reconstruire
un tissu social local solide et vivant, doté d'un climat de confiance,
c'est-à-dire un véritable « capital social » qui puisse servir en cas
de catastrophe.
Pourquoi « les gens n'y croient pas », c'est-à-dire la
psychologie de l'effondrement tient à cette tendance des gens, lorsqu'on leur
dit la vérité, à devenir pessimistes, résignés ou à juste rejeter le message.
Selon Clive Hamilton dans « Requiem pour l'espèce humaine », (et
aussi Paul Jorion dans « Le dernier qui s'en va éteint la lumière »)
nous ne sommes pas équipés pour percevoir les dangers que représentent les
menaces systémiques, ni les menaces à long terme. Nos cerveaux sont trop
habitués à effectuer des problèmes immédiats et ont développé des sensibilités
aux dangers concrets et visibles. C'est le problème de la grenouille et de
l'eau bouillante.
Dans le cas du déni, les gens ne trouvent pas crédible les données scientifiques ni les constats alarmants des médias, car l'obstacle c'est l'impossibilité de croire que le pire va arriver. Les données étant de plus en plus précises au fil du temps, les négationnistes continuent à changer les raisons de ne pas changer leur comportement.
Dans le cas du déni, les gens ne trouvent pas crédible les données scientifiques ni les constats alarmants des médias, car l'obstacle c'est l'impossibilité de croire que le pire va arriver. Les données étant de plus en plus précises au fil du temps, les négationnistes continuent à changer les raisons de ne pas changer leur comportement.
Parmi les personnes qui semblent convaincues, on distingue cinq
catégories de réactions :
Les çavapétistes (« ça va péter ») montrent un imaginaire de la catastrophe très sombre, nihiliste même, montrant une colère envers la société. Cette attitude est toxique en temps de catastrophe pour l'organisation politique et sociale.
Très fréquents, les aquoibonistes (« à quoi bon ? ») sont ceux qui disent « foutu pour foutu, profitons de ce qui nous reste ! ». Avec deux tendances, l'épicurien style Rabelais qui savoure les plaisirs de la vie, et « l'enfoiré » qui veux tout consommer ou saccager avant de partir.
De plus en plus nombreux, les survivalistes ou preppers (« à chacun sa merde ») se barricadent, s'enferment, se bunkérisent, stockent le nécessaire, s'informent sur la purification de l'eau, les plantes sauvages. Leur imaginaire c'est Mad Max et la croyance que l'être humain est profondément mauvais.
Les transitionneurs (« on est tous dans le même bateau ») souvent non-violents, collectivistes, appellent à une transition à grande échelle, car la vie n'a plus de sens si tout s'effondre. Pratiquant l'ouverture et l'inclusion, ils sont convaincus que l'avenir est dans les éco villages, l'entraide et l'imaginaire de transition. Ils pensent « ensemble on va plus loin ».
Les collapsologues ont une passion pour le sujet. Étudier, partager, écrire, communiquer, comprendre, devient une activité chronophage pour ces « geeks du collapse » dont les plus célèbres sont nommés « collapsniks » qui sont souvent des ingénieurs et des hommes. Ce clivage homme femme se révèle quand les hommes débattent de chiffres, de faits et de techniques, tandis que les femmes abordent les aspects émotionnels et spirituels.
Les çavapétistes (« ça va péter ») montrent un imaginaire de la catastrophe très sombre, nihiliste même, montrant une colère envers la société. Cette attitude est toxique en temps de catastrophe pour l'organisation politique et sociale.
Très fréquents, les aquoibonistes (« à quoi bon ? ») sont ceux qui disent « foutu pour foutu, profitons de ce qui nous reste ! ». Avec deux tendances, l'épicurien style Rabelais qui savoure les plaisirs de la vie, et « l'enfoiré » qui veux tout consommer ou saccager avant de partir.
De plus en plus nombreux, les survivalistes ou preppers (« à chacun sa merde ») se barricadent, s'enferment, se bunkérisent, stockent le nécessaire, s'informent sur la purification de l'eau, les plantes sauvages. Leur imaginaire c'est Mad Max et la croyance que l'être humain est profondément mauvais.
Les transitionneurs (« on est tous dans le même bateau ») souvent non-violents, collectivistes, appellent à une transition à grande échelle, car la vie n'a plus de sens si tout s'effondre. Pratiquant l'ouverture et l'inclusion, ils sont convaincus que l'avenir est dans les éco villages, l'entraide et l'imaginaire de transition. Ils pensent « ensemble on va plus loin ».
Les collapsologues ont une passion pour le sujet. Étudier, partager, écrire, communiquer, comprendre, devient une activité chronophage pour ces « geeks du collapse » dont les plus célèbres sont nommés « collapsniks » qui sont souvent des ingénieurs et des hommes. Ce clivage homme femme se révèle quand les hommes débattent de chiffres, de faits et de techniques, tandis que les femmes abordent les aspects émotionnels et spirituels.
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On ne peut pas attendre que chacun fasse son deuil avant de commencer à
agir. Dans la politique de l'effondrement l'action fait partie de la « transition
intérieure » qui permet dès la prise de conscience de sortir de l'état
d'impuissance et maintient l'optimisme. Il n'est jamais trop tard pour
construire des petits systèmes résilients à l'échelle locale, afin de mieux
encaisser les chocs économiques, sociaux et écologiques à venir.
Parmi les systèmes anticipatifs résilients, on compte les coopératives citoyennes de production d'énergies renouvelables, les groupements alimentaires locaux ou de nouveaux modèles économiques et monétaires locaux et coopératifs. Tout en permettant la coexistence de deux systèmes, l'un mourant l'autre naissant. Cette politique paradoxale à la fois catastrophiste et optimiste, pose le problème qu'il faille accepter publiquement et officiellement la mort du vieux monde, les populations réagissant par des troubles qui précipiteront ce qu'on voulait anticiper.
Parmi les systèmes anticipatifs résilients, on compte les coopératives citoyennes de production d'énergies renouvelables, les groupements alimentaires locaux ou de nouveaux modèles économiques et monétaires locaux et coopératifs. Tout en permettant la coexistence de deux systèmes, l'un mourant l'autre naissant. Cette politique paradoxale à la fois catastrophiste et optimiste, pose le problème qu'il faille accepter publiquement et officiellement la mort du vieux monde, les populations réagissant par des troubles qui précipiteront ce qu'on voulait anticiper.
Les transitionneurs n'attendent pas les gouvernements, ils inventent la
façon de vivre l'effondrement de manière non-tragique. Une fois « branchés »
sur des petits systèmes autonomes, résilients et low tech, les transitionneurs peuvent alors « se débrancher »
de l'ancien système qui risquait de les emporter dans sa chute. C'est passer de
l'indépendance à l'interdépendance : une mosaïque de petites démocraties
locales est-elle un projet démocratique ?
En fait, il n'y a même pas de solution à chercher à notre situation
inextricable (predicament) , il y a
juste des chemins à emprunter pour s'adapter à notre nouvelle réalité. L'utopie
a changé de camp : l'utopiste est celui qui croit que tout peut continuer
comme avant, le réaliste met toute son énergie dans la construction de
résilience locale, qu'elle soit territoriale ou humaine.
La collapsologie est l'exercice transdisciplinaire de l'étude de
l'effondrement de notre civilisation industrielle, et de ce qui pourrait lui succéder,
en s'appuyant sur les deux modes cognitifs que sont la raison et l’intuition,
et sur des travaux scientifiques reconnus.
Les auteurs pensaient au début 2015 que la fenêtre d'opportunité pour éviter un effondrement global étaient déjà en train de se refermer.
« Pendant sa tournée européenne 2011-2012, Dennis Meadows, plus pessimiste
que jamais, répétait dans les interviews et dans un article écrit pour
l'institut Momentum :
il est trop tard pour le développement durable, il faut se préparer aux
chocs et construire dans l'urgence des petits systèmes résilients » (page
173).
L'effondrement n'est pas la fin mais le début de notre avenir !
[i] L'effondrement
soviétique s'est arrêté au stade politique. L'effondrement social se retrouve
dans des conflits internes : guerre civile et « chacun pour soi »
avec un processus de dépeuplement qui se met en place. L'effondrement culturel
se produit lorsque la foi en l'humanité est perdue. Le stade d'effondrement
écologique est atteint quand la possibilité de redémarrer une société ne semble
plus possible à cause d'un environnement épuisé.
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