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samedi 20 mai 2017

On renonce à contrer le réchauffement climatique ?

English translation below

Les États-Unis et le Canada s’entendent pour l’exploitation accrue du gaz de schiste en construisant trois pipelines à travers le continent nord-américain. Des forages pétroliers sont déjà autorisés dans les territoires du grand nord canadien et les Russes en prévoient autant du côté sibérien de l’Arctique.  
Les commandes d’avions n'ont jamais été aussi élevées dans le monde. L’extension de l’aéroport de Londres Heathrow ainsi que des solutions alternatives à la construction du second aéroport de Nantes sont prévus. On a un urgent besoin d’aéronefs fonctionnants sans kérosène comme des ballons dirigeables et des avions solaires. La mobilité plus lente qu’implique ces solutions fait qu’elles restent dans les cartons à l'état de concepts.

Tout ceci est en contradiction avec l’accord de Paris pris en décembre 2015 à la COP21, qui avait pour objectif de contenir le réchauffement climatique entre 1,5°C et 2,0°C.

Au GIEC, les experts du changement climatique disent qu'ils veulent rester dans ces limites. Mais devant cette impossibilité constatée par le monde académique et scientifique, ils suggèrent implicitement le recours à la géo-ingénierie, c'est-à-dire par gestion du rayonnement solaire (Solar Radiation Management ou SRM) et par extraction et stockage du CO2 de l’atmosphère (CCS), pour rentrer dans les clous.

De façon incompréhensible, le GIEC s'appuie encore toujours sur des modèles mathématiques qui ne tiennent pas compte de la quelque soixantaine de boucles de rétroactions positives identifiées par les experts. Ces boucles amplificatrices ont comme propriétés d'accélérer le réchauffement climatique et de le prolonger. Un réchauffement moyen de 3°C-4°C communément admis par la plupart des experts, pourrait selon d'autres, à cause de ces boucles amplificatrices, se prolonger au-delà de toute capacité de survie de l'humanité sur Terre jusqu'à 8°C-9°C ou plus pour les experts les plus en flèche. À l'époque, seulement une vingtaine de ces boucles avaient été identifiées mais le GIEC en a quand même ignoré quelques unes. Dans ses rapports, le GIEC ne parle pas de ce qu'il ne sait pas calculer ; c'est pour cette raison par exemple qu'il mentionne seulement 1 mètre d'élévation du niveau des océans pour 2100, mais la réalité sera bien pire, de 5 à 9 mètres selon James Hansen et fort probablement plus.

Ces prises de position du GIEC marque non seulement de la complaisance, mais représente carrément un feu vert pour les compagnies extractivistes d'énergies fossiles et de ressources non renouvelables de pouvoir développer sans contrainte leurs activités polluantes en gaz à effet de serre (GES) et destructrices de l'environnement.

Dans un récent interview[1] accordé à Climate News Network, Kevin Anderson, professeur d'énergie et de changements climatiques à l'Université de Manchester, soutient qu'il y a 95 % de chances que l'action contre le changement climatique ne soit pas assez robuste pour confiner la croissance du réchauffement de la Terre en dessous de l'objectif de 1,5°C-2°C.

Anderson croit que les politiciens ne prendront pas assez de mesures pour lutter contre les changements climatiques, en partie parce que la menace du réchauffement climatique est souvent sous-estimée par de nombreux experts. Il explique que si nous ne sommes pas prêts à faire face aux défis que nous avons devant nous, les réponses que nous proposerons ne seront pas appropriées. Il pense qu'il y a un risque de 95% d'échouer. 



En replaçant cette discussion dans une échelle de temps plus large, on doit se rappeler que le rapport Meadows [2] avait pour ambition de réduire la croissance à une vie prospère et soutenable sur la planète. C'est dans une perspective de transition douce que quelques scénaris avaient été proposés en 1972, puis dans les mises à jour de 1992 et 2002. 

Par la suite, d'autres mises à jour n’ont pas été proposées car il n’y avait plus de possibilité de transition douce. Cette évidence aux yeux de Dennis Meadows n’est pas passée du côté des politiciens avec toutes les grandes conséquences qu’elle recelait de devoir contrer le réchauffement climatique de manière beaucoup plus brutale. 

Les compagnies pétrolières avaient déposés des mines depuis des années sous les arguments en faveur d’une action climatique urgente. Mais les politiciens ne sont pas seuls coupables. La communauté académique, la communauté scientifique, les journalistes et les ONG le sont aussi, chacun dans une attitude attentiste de ce que vont faire les autres. 

Kevin Anderson pense qu'il reste une petite chance de 5% de réussite possible. Paul Jorion, anthropologue et sociologue, estime que le genre humain n’est pas équipé mentalement [3] pour faire face à ce défi qui maintenant le dépasse.

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Au cours de la réunion éditoriale préparatoire à la publication de cet article, j'ai trouvé utile de garder ces commentaires de Jack du Climatoblogue :

Les gouvernements de ce monde versent 10 millions de $ à la minute en subvention à l'industrie des combustibles fossiles. Par année, ça fait 5,3 billion (53 000 000 000 000 $) par année. Aux dernières élections Américaine, c'est, à toute évidence, l'industrie des combustibles fossiles qui a gagné.

Quand ça fait presque 5 ans qu'on écoute et lis presque tout ce qui a trait au réchauffement climatique ; quand on sait que rien n'a été fait entre la 1ere COP de 1992 et celle de Paris en 2015, on se demande vraiment ce qui bloque la machine. Qui mets des bâtons dans les roues? Et la COP 21 est de loin insuffisante, elle nous garantit au minimum 3°C à 4°C de réchauffement, ce qui serait cataclysmique. Quand on voit les prévisions du GIEC basées sur des technologies dont on ne connaît rien, et encore moins la certitude que ça fonctionnera, on pense qu'il doit forcément y avoir anguille sous roche ; la survie de l'espèce humaine semble basée sur des chimères...

Quand on voit tout ça, on a envie de croire à une petite théorie conspirationniste... Le GIEC et les COP semblent avoir pour but d'estimer combien de combustible fossiles on peut encore brûler et pas de limiter le réchauffement climatique à un niveau sécuritaire.

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GIVING UP ON CLIMATE CHANGE ?

The United States and Canada agree on the increased use of shale gas by constructing three pipelines across the North American continent. Petroleum drilling is already authorized in the territories of the great north Canadian and the Russians foresee as much on the Siberian side of the Arctic.
Aircraft orders have never been higher in the world. The extension of the London Heathrow airport as well as alternative solutions to the construction of the second airport of Nantes, France are planned. There is an urgent need for aircraft powered without kerosene such as dirigible balloons and solar planes. The slower mobility implied by these solutions means that they remain in cartons as concepts.

All this is in contradiction with the Paris agreement reached in December 2015 at COP21, which aimed to contain global warming between 1.5°C and 2.0°C.

At the IPCC, climate change experts say they want to stay within these limits. But in view of the impossibility stated de by the academic and scientific world, they implicitly suggest the use of geoengineering, which is either by solar radiation management (SRM) or by extraction and storage of CO2 from Atmosphere (CCS), to get into the nails.

Incomprehensibly, the IPCC still relies on mathematical models that do not take into account the some sixty loops of positive feedback identified by the experts. These amplifying loops have the properties of accelerating global warming and prolonging it. An average warming of 3°C to 4°C, commonly accepted by most experts, could, according to others, because of these amplifying loops, extend beyond any capacity of survival of humanity on Earth up to at least 8°C - 9°C or higher for the most skilled experts. At the time, only about 20 of these loops had been identified, but the IPCC still ignored a few. Because in its reports, the IPCC does not talk about what it can not calculate. It is for similar reason, for example, that it mentions only 1 meter of elevation of the ocean level for 2100, but the reality will be much worse, from 5 to 9 meters according to James Hansen and likely more.

These IPCC positions are not only a sign of complacency, but a green light for fossil fuels energy and non-renewable resources’ companies to develop their greenhouse gas (GHG) polluting industries, destructive of the environment.

In a recent interview [1] given to Climate News Network, Kevin Anderson, Professor of Energy and Climate Change at the University of Manchester, UK maintains that there is a 95% chance that actions against climate change are not robust enough to confine Earth warming below the target of 1.5°C - 2°C.

Anderson believes politicians will not take enough actions to fight climate change, partly because the threat of global warming is often underestimated by many experts. He explains that if we are not prepared to face the challenges we have before us, the answers we propose will not be appropriate. He thinks there is a 95% risk of failing.
By placing this discussion on a broader scale, it should be remembered that the Meadows report [2] had the ambition to reduce growth to a prosperous and sustainable life on the planet. It was from a gentle transition perspective that a few scenarios were proposed in 1972 and after in the 1992 and 2002 updates.

Subsequently, other updates were not proposed because there was no longer a smooth transition possibility. This evidence in the mind of Dennis Meadows did not pass to the politicians’ side with all the great consequences that it contained to have to attack the global warming in a much more brutal way.

The oil companies had deposited mines for years under the arguments in favor of urgent climate action. But politicians are not alone guilty. The academic community, the scientific community, the journalists and the NGOs are also, each one in a wait-and-see attitude of what others will do.

Kevin Anderson thinks there is still a small chance of 5% success. Paul Jorion, a Belgian anthropologist and sociologist, believes that mankind is not mentally equipped [3] to face this challenge that now surpasses it.
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During the editorial meeting preparing for the publication of this article, I found it useful to keep these comments of Jack who edit Le Climatoblogue :

Governments around the world are contributing $ 10 million per minute to the fossil fuel industry. Each year, that's $ 5.3 trillion ($ 53,000,000,000,000) a year. In the last American election, it was obviously the fossil fuel industry that won.

When it has been almost five years that we listen and read almost everything related to global warming; When one knows that nothing has been done between the 1st COP of 1992 and that of Paris in 2015, one really wonders what is blocking the machine. Who put sticks in the wheels? And COP 21 is far from sufficient, it guarantees at least 3°C to 4°C of warming, which would be cataclysmic. When one sees the IPCC forecasts based on technologies whose one has now knowledge, without any certainty that it will work, it is thought that there must be an hidden plan; The survival of the human species seems based on chimeras ...

When you understand all this, you want to believe in a little conspiracy theory ... The IPCC and the COPs seem to be aimed at estimating how much fossil fuel one can still burn and not limiting global warming to a safe level .

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mardi 21 mars 2017

Le réchauffement climatique redémarre

Après un fort épisode El Niño, suivi d’une accalmie commencée à l’été 2016, le réchauffement climatique a redémarré sans explication en ce début de printemps 2017. En mars 2017, le réchauffement global a atteint 1,25°C (courbe verte), tandis que l’indicateur précurseur, le réchauffement au sol dans l’hémisphère nord marque 2,47°C (courbe bleue).

Le début 2016 avait été marqué par la fin d’un puissant phénomène El Niño qui a fortement réchauffé les océans, principalement de l’hémisphère sud, et l’atmosphère partout ailleurs. Les eaux plus chaudes de l’océan austral ont dégelé la glace sous-marine de l’Antarctique libérant des plateformes de glace qui faisaient barrage aux glaciers, accélérant ainsi leur déroute. Les eaux chaudes des Caraïbes poussées vers le nord par le Gulf Stream ont contribué à la fonte du Groenland et de l’océan Arctique. Ce dernier devrait être quasiment libre de glaces l’été prochain.

Malheureusement, le principal facteur de dégel au nord du cercle polaire demeure le réchauffement au sol en hémisphère nord caractérisé par les plus fortes émissions de gaz à effet de serre de la planète. Avec le printemps revient le soleil dans le cercle polaire Arctique. La baisse du taux d’albédo fait que l’océan Arctique se réchauffe, ce qui va accélérer la fonte des glaces, et fera baisser encore l’albédo. Cela s’appelle une boucle de rétroaction amplificatrice. Les pergélisols terrestres et marins vont continuer à relâcher du CO2 ou du méthane CH4 avec régularité, des GES[1], ce qui réchauffe la planète et contribue à réchauffer les pergélisols. Encore une boucle de rétroaction amplificatrice heureusement plus lente. Les climatologues ont répertorié plus de 60 autres boucles de rétroaction amplificatrice. Le climat est entré en territoire inconnu[2].


Graphique avec la mise à jour de mars 2017.

Ce graphique[3] est la prolongation de celui que j’avais publié en août 2016, avec la particularité que cette fois, le réchauffement est par rapport à la période préindustrielle au lieu de, précédemment par rapport au XXème siècle. Le GIEC a défini la période préindustrielle comme antérieure à 1750[4]. Dans l’accord de Paris à la COP21, les 1,5°C ou 2°C de réchauffement global se rapportent à la période préindustrielle. Ce changement facilite ainsi la lecture du graphique. Les experts estiment la différence entre les deux périodes de référence à environ 0,2°C[5].

Les politiciens sont préoccupés par leurs réélections au lieu du basculement des températures qui nous entraîne vers une nouvelle normalité beaucoup plus chaude et pour le moment incontrôlable. Des élections ont eu lieu dans l’UE en 2016 et se poursuivront en 2017. Dans cette période des élections législatives et/ou présidentielles touchent les pays suivants : Portugal, Irlande, Slovaquie, Autriche, Royaume-Uni (BREXIT), Espagne, Estonie, Lituanie, Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Pays-Bas, France, Allemagne, République Tchèque. La situation reste instable en Italie. 16 pays sur 28 renouent des liens entre politiciens. Les élections en France et en Allemagne décideront de l’avenir de l’UE.

Toutes les crises en cours se combinent, s’amplifient et s’accélèrent : climatique, environnementale, numérique, économique, financière, sociale, culturelle, de la disparition des ressources et des espèces. Elles forment un ensemble systémique quasi impossible à contenir sans un accord beaucoup plus contraignant que celui obtenu à la COP21, faute d’avoir un pouvoir fort mondial.

En 2016 on comptait seulement 8 personnes qui possèdent la même richesse que la moitié la plus pauvre de l’humanité. Leur pouvoir de contrôle sur les médias conventionnels empêche les journalistes d’exprimer tous les tenants, aboutissants et conséquences de ces crises, parce qu’on le leur interdit ou parce qu’ils s’autocensurent. Le fait qu’ainsi une majorité de journalistes ne parlent pas de ces crises préoccupantes, les minimisent (comme la tempête Zeus), les évacuent de l’actualité, maintient les peuples dans l’ignorance de ce qui les attend à moyen ou très court terme en matière de hausses des températures et de leurs conséquences en événements de plus en plus extrêmes.

Les pouvoirs politiques et médiatiques étant défaillants, seules des associations citoyennes peuvent s’organiser pour prendre le relais, tout en se trouvant confrontées à l’hostilité des pouvoirs politiques, économiques, financiers et médiatiques. Dans l’UE, la majorité des citoyens utilise déjà les urnes depuis plus d’une décennie pour sanctionner les politiques dont l’autisme flagrant prépare une situation prérévolutionnaire, sans qu’ils veuillent l’admettre ! À moins qu’un événement climatique plus grave que d’habitude constitue un jour la goutte d’eau qui fait déborder le vase, libérant la parole qui pourra de nouveau passer normalement dans les médias.

Après cette prise de parole nouvelle, la première mission dévolue aux politiques sera l’arrêt complet des émissions de gaz à effet de serre, puis l’examen des possibilités d’extraction du CO2 de l’atmosphère, mais pour le mettre où ? Peut-être de le rejeter vers l’espace ? Les politiques ne pourront pas empêcher les gens de porter massivement plainte contre l’état pour les préjudices de son imprévoyance.

C’est l’accumulation des événements extrêmes dans des laps de temps plus courts qui provoquera des disruptions de plus en plus longues dans l’approvisionnement des produits de nécessité courante pour notre mode de vie occidental. La préoccupation d’une alimentation quotidienne va voir se dépeupler les villes au profit de la campagne où les gens peuvent  s’investir plus facilement dans la production maraîchère autonome, puis d’autres produits alimentaires.

Des groupes locaux de producteurs-consommateurs se formeront autour de l’alimentation, de l’énergie et de la mobilité. Ils assoiront l’indépendance de leurs échanges vis-à-vis de l’extérieur par l’usage de monnaies locales. De nombreux groupes locaux se sont déjà formés avec un imaginaire à la recherche de la résilience qui leur permettent d’affronter les événements extrêmes à venir. Avec un habitat résistant aux fortes intempéries, des lieux de production alimentaire protégés des inondations, des lieux de repli et de migration possibles en cas de submersion de catastrophes successives.

Maintenant que la fenêtre d’opportunités pour l’action s’est refermée, les conséquences immédiates d’arrêter ou pas les émissions de GES sont semblables sauf les conséquences à long terme. Cela jusqu’à ce que la température moyenne se soit stabilisée quelques temps après l’arrêt des émissions. Cette température moyenne sera beaucoup plus élevée qu’on ne le pense et il n’est pas sûr que ce soit compatible avec la vie humaine, sauf peut-être à certains endroits où il faudra migrer. En cas de migration, la sécurisation des centrales nucléaires jusqu’à leur démantèlement peut difficilement être assuré.





[1] Gaz à effet de serre.
[3] NOAA, National Centers for Environmental Information, State of the Climate: Global Analysis for 2012-2017, published online and retrieved between August 22, 2016 and February 21, 2017 from http://www.ncdc.noaa.gov/sotc/global/20yymm (yy=année, mm=mois)
[4] Voir dans le glossaire du GIEC la définition de « Industrial revolution »
[5] Voir dans le site du GIEC « IPCC - Climate Change 2001: Synthesis Report ; WG1 Summary ; page 29 », le graphique Figure 5 nous montre qu’en 1750 on était à environ 0,2°C en dessous de la période de référence 1961-1990 qui est sensiblement la même que celle du xxème siècle. Les experts consultés sont Michael E. Mann Pennsylvania State University et David Spratt « As 2015 smashes temperature records, it’s hotter than you think », 4ème graphique.

mercredi 7 décembre 2016

Le Climatoblogue

Nous avons la chance exceptionnelle, depuis un an et demi, de disposer d'un site en français qui nous explique les toutes dernières avancées scientifiques sur le changement climatique. Car les nouvelles données scientifiques proviennent de climatologues, glaciologues, scientifiques reconnus dont les documents rédigés en anglais ont été évalués par leurs pairs avant d'être publiés. C'est la synthèse de ces informations qui nous sont proposées en français dans le Climatoblogue.


Le lecteur que je suis, a reçu chacune de ces nouvelles informations comme un véritable coup de poing qui vous laisse entre l'accablement et le besoin irrépressible d'en avertir ses contemporains. Le Climatoblogue démarre en avril 2015 pour combler le vide informatif des médias Francophones au sujet des changements climatiques et aussi pour contrer la désinformation qui règne partout, gracieuseté de l'industrie des combustibles fossiles qui utilise les mêmes tactiques utilisées lors de la campagne de désinformation sur les méfaits du tabac, y compris les débats. Vous vous souvenez ?

La situation climatique a atteint et même dépassé un stade critique. On le sait, la fonte des glaces du Groenland et de lAntarctique est irréversible, impossible à ralentir, et s'accélère chaque jour. Idem pour l'acidification des océans causée par absorption du CO2. De plus, 93 % de la chaleur retenue par l'effet de serre est absorbée par les océans. Dès lors l'oxygène des océans se réduit par place au point de disparaître dans des zones mortes qui se multiplient, faisant disparaître la vie aquatique, et mettant en difficulté la chaîne alimentaire humaine.

Le Climatoblogue, au contraire de l'information médiatique, vous explique le rôle prépondérant et catastrophique de l'océan Arctique dans le réchauffement climatique en cours. La fonte des glaces de l'Arctique par l'action du Gulf Stream et des vents va libérer totalement la navigation en fin d'été avant 2020. Fin octobre 2016 sa température de surface était de 20°C supérieure à la même période du siècle dernier. Sur ses rivages le pergélisol (sol gelé en permanence ou permafrost) accélère son dégel d'année en année, révélant des tourbières que traverse le méthane sous-jacent. Les hydrates de méthane, au fond de l'océan Arctique emprisonnent beaucoup de méthane dont vous parlera le Climatoblogue.

Les records de réchauffement tombent mois après mois, année après année. Comme je l'ai précisé dans ce blogue 2 articles plus tôt, le réchauffement climatique a dépassé un point de basculement qui nous écarte définitivement de l'état d'équilibre qu'a connu notre planète bleue depuis des millénaires. Sauf si l'espèce humaine trouvait un peu de temps pour extraire de l'atmosphère 70 % du CO2 qui s'y trouve et le stocker quelque part de manière pérène. Le faire assez vite et assez massivement pour contrer l'accélération en cours n'a pas encore été démontré. La seule chose que nous savons depuis 40 ans, et que nous n'avons pas encore entrepris, c'est de remplacer l'usage des énergies productrices de CO2 par des énergies renouvelables.

C'est l'ensemble de toutes ces informations que vous pourrez trouver sur un seul site : Le Climatoblogue.
Bonne lecture.


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lundi 28 mars 2016

Le dernier qui s’en va éteint la lumière


Ce dernier livre de Paul Jorion est avant tout un essai philosophique dépeignant les fondamentaux de l’humanité : comment elle s’est développée, surtout aux XIXème et XXème siècles, saccageant la planète et la polluant totalement, épuisant les matériaux et l’énergie qu’elle contient jusqu’à mettre en péril la survie de l’espèce humaine.

C’est certainement la compilation de plus de 400 études scientifiques réalisée par Pablo Servigne et Raphaël Stevens, dans tous les domaines de l’activité humaine parue au Seuil sous le titre Comment tout peut s’effondrer, qui a incité Paul Jorion à écrire Le dernier qui s’en va éteint la lumière.

Après avoir rappelé les limites physiques et intellectuelles de l’Homme, Paul Jorion pose la question des moyens dont dispose l’humanité pour empêcher son extinction. Notre existence étant limitée par la mort, les religions nous ont inventé ce qui se passe après la mort. Pour lui, les religions ont joué un rôle démobilisateur majeur vis-à-vis de la lutte contre l’éventuelle extinction du genre humain. Car,

…focaliser son attention sur cette chimère qu’est la vie après la mort dans un ailleurs inévitablement présenté comme un paradis par rapport au monde où nous vivons distrait de la tâche d’améliorer celui-ci, ou du moins de le rendre ou de le garder viable (p.185).

L’espérance d’une vie au-delà de la mort contribue à cette démobilisation générale. Car l’espérance fabrique ainsi un lieu où l’on se rendra après la mort, où justice sera enfin rendue, où les choses s’arrangeront une fois pour toutes, sans qu’il n’y ait la moindre preuve en faveur de cette croyance. L’espérance est démobilisante et favorise l’extinction de l’humanité.

Paul Jorion passe en revue les notions de bonheur, héroïsme, beauté, sainteté sagesse. Et sur l’éducation des enfants, il préconise de leur dire :

Tu vas peut-être vivre 80 ou 100 ans, et ces quelques dizaines d’années ne sont rien si l’on songe que les dinosaures ont vécu pendant 160 millions d’années et ont disparu il y a 60 millions d’années déjà. Mais si tu fais tout ce que tu as envie de faire […] tu auras bientôt le sentiment que ta naissance se perd dans la nuit des temps, que tu as vécu infiniment […] Parce que l’occasion ne te sera jamais donnée après ta mort de jeter un regard en arrière […] Tout ce qu’il t’est loisible de faire, c’est de te dire au moment de mourir : ‘’j’ai tiré de ce qui m’a été donné tout ce qui était possible’’ et de quitter ainsi le monde joyeusement (p.202-203).

Les assemblées représentatives du peuple, parlement et sénat, défendent les intérêts d’une minorité identifiée au milieu des affaires dont les intérêts sont opposés à changer quoi que ce soit. Dans la poursuite de leur addiction à l’argent, ce que la bible appelle le Veau d’Or, ils sont insensibles au précipice qui est droit devant nous et qui signifie la fin de l’espèce. C’est la forme des institutions qui s’est ossifiée et a cessé d’être adaptée au moment présent.

Paul Jorion affirme qu’avec la sortie du film Interstellar débute le travail de deuil de l’Homme à propos de son espèce. Le mieux encore pour nous aurait été de ne pas naître, mais une fois jetés dans le monde par la naissance, nous sommes équipés pour prendre en main le monde tel qu’il est.

Paul Jorion se demande si l’extinction de notre espèce ne constitue pas en réalité un progrès dans la réalisation de l’esprit du monde, et ce serait alors la machine intelligente qui constituerait l’étape ultérieure de la Raison dans l’Histoire, en tant que notre prolongement après que nous aurons disparu. La mission de l’homme serait-elle de faire advenir la machine intelligente ? En réalité cette idée dans l’esprit de Paul Jorion, revient à une autre forme d’espérance de survie de (notre ?) l’esprit après l’extinction de notre espèce.
Personnellement je pense que si, comme le dit Paul Jorion, l’espérance est démobilisatrice pour lutter contre notre extinction, il faudrait éviter, dans ce cas, de faire advenir la machine intelligente ! Et plus probablement, toute forme différente d’intelligence qui adviendrait sur la planète après l’extinction humaine – en supposant qu’elle découvre nos traces archéologiques – devrait ne pas s’intéresser à l’intelligence humaine plus que nous-mêmes nous intéressons à l’intelligence des dinosaures ! Ceci dépends quand même de la grandeur du fossé entre leur niveau d’intelligence et le nôtre.