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mardi 21 mars 2017

Le réchauffement climatique redémarre

Après un fort épisode El Niño, suivi d’une accalmie commencée à l’été 2016, le réchauffement climatique a redémarré sans explication en ce début de printemps 2017. En mars 2017, le réchauffement global a atteint 1,25°C (courbe verte), tandis que l’indicateur précurseur, le réchauffement au sol dans l’hémisphère nord marque 2,47°C (courbe bleue).

Le début 2016 avait été marqué par la fin d’un puissant phénomène El Niño qui a fortement réchauffé les océans, principalement de l’hémisphère sud, et l’atmosphère partout ailleurs. Les eaux plus chaudes de l’océan austral ont dégelé la glace sous-marine de l’Antarctique libérant des plateformes de glace qui faisaient barrage aux glaciers, accélérant ainsi leur déroute. Les eaux chaudes des Caraïbes poussées vers le nord par le Gulf Stream ont contribué à la fonte du Groenland et de l’océan Arctique. Ce dernier devrait être quasiment libre de glaces l’été prochain.

Malheureusement, le principal facteur de dégel au nord du cercle polaire demeure le réchauffement au sol en hémisphère nord caractérisé par les plus fortes émissions de gaz à effet de serre de la planète. Avec le printemps revient le soleil dans le cercle polaire Arctique. La baisse du taux d’albédo fait que l’océan Arctique se réchauffe, ce qui va accélérer la fonte des glaces, et fera baisser encore l’albédo. Cela s’appelle une boucle de rétroaction amplificatrice. Les pergélisols terrestres et marins vont continuer à relâcher du CO2 ou du méthane CH4 avec régularité, des GES[1], ce qui réchauffe la planète et contribue à réchauffer les pergélisols. Encore une boucle de rétroaction amplificatrice heureusement plus lente. Les climatologues ont répertorié plus de 60 autres boucles de rétroaction amplificatrice. Le climat est entré en territoire inconnu[2].


Graphique avec la mise à jour de mars 2017.

Ce graphique[3] est la prolongation de celui que j’avais publié en août 2016, avec la particularité que cette fois, le réchauffement est par rapport à la période préindustrielle au lieu de, précédemment par rapport au XXème siècle. Le GIEC a défini la période préindustrielle comme antérieure à 1750[4]. Dans l’accord de Paris à la COP21, les 1,5°C ou 2°C de réchauffement global se rapportent à la période préindustrielle. Ce changement facilite ainsi la lecture du graphique. Les experts estiment la différence entre les deux périodes de référence à environ 0,2°C[5].

Les politiciens sont préoccupés par leurs réélections au lieu du basculement des températures qui nous entraîne vers une nouvelle normalité beaucoup plus chaude et pour le moment incontrôlable. Des élections ont eu lieu dans l’UE en 2016 et se poursuivront en 2017. Dans cette période des élections législatives et/ou présidentielles touchent les pays suivants : Portugal, Irlande, Slovaquie, Autriche, Royaume-Uni (BREXIT), Espagne, Estonie, Lituanie, Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Pays-Bas, France, Allemagne, République Tchèque. La situation reste instable en Italie. 16 pays sur 28 renouent des liens entre politiciens. Les élections en France et en Allemagne décideront de l’avenir de l’UE.

Toutes les crises en cours se combinent, s’amplifient et s’accélèrent : climatique, environnementale, numérique, économique, financière, sociale, culturelle, de la disparition des ressources et des espèces. Elles forment un ensemble systémique quasi impossible à contenir sans un accord beaucoup plus contraignant que celui obtenu à la COP21, faute d’avoir un pouvoir fort mondial.

En 2016 on comptait seulement 8 personnes qui possèdent la même richesse que la moitié la plus pauvre de l’humanité. Leur pouvoir de contrôle sur les médias conventionnels empêche les journalistes d’exprimer tous les tenants, aboutissants et conséquences de ces crises, parce qu’on le leur interdit ou parce qu’ils s’autocensurent. Le fait qu’ainsi une majorité de journalistes ne parlent pas de ces crises préoccupantes, les minimisent (comme la tempête Zeus), les évacuent de l’actualité, maintient les peuples dans l’ignorance de ce qui les attend à moyen ou très court terme en matière de hausses des températures et de leurs conséquences en événements de plus en plus extrêmes.

Les pouvoirs politiques et médiatiques étant défaillants, seules des associations citoyennes peuvent s’organiser pour prendre le relais, tout en se trouvant confrontées à l’hostilité des pouvoirs politiques, économiques, financiers et médiatiques. Dans l’UE, la majorité des citoyens utilise déjà les urnes depuis plus d’une décennie pour sanctionner les politiques dont l’autisme flagrant prépare une situation prérévolutionnaire, sans qu’ils veuillent l’admettre ! À moins qu’un événement climatique plus grave que d’habitude constitue un jour la goutte d’eau qui fait déborder le vase, libérant la parole qui pourra de nouveau passer normalement dans les médias.

Après cette prise de parole nouvelle, la première mission dévolue aux politiques sera l’arrêt complet des émissions de gaz à effet de serre, puis l’examen des possibilités d’extraction du CO2 de l’atmosphère, mais pour le mettre où ? Peut-être de le rejeter vers l’espace ? Les politiques ne pourront pas empêcher les gens de porter massivement plainte contre l’état pour les préjudices de son imprévoyance.

C’est l’accumulation des événements extrêmes dans des laps de temps plus courts qui provoquera des disruptions de plus en plus longues dans l’approvisionnement des produits de nécessité courante pour notre mode de vie occidental. La préoccupation d’une alimentation quotidienne va voir se dépeupler les villes au profit de la campagne où les gens peuvent  s’investir plus facilement dans la production maraîchère autonome, puis d’autres produits alimentaires.

Des groupes locaux de producteurs-consommateurs se formeront autour de l’alimentation, de l’énergie et de la mobilité. Ils assoiront l’indépendance de leurs échanges vis-à-vis de l’extérieur par l’usage de monnaies locales. De nombreux groupes locaux se sont déjà formés avec un imaginaire à la recherche de la résilience qui leur permettent d’affronter les événements extrêmes à venir. Avec un habitat résistant aux fortes intempéries, des lieux de production alimentaire protégés des inondations, des lieux de repli et de migration possibles en cas de submersion de catastrophes successives.

Maintenant que la fenêtre d’opportunités pour l’action s’est refermée, les conséquences immédiates d’arrêter ou pas les émissions de GES sont semblables sauf les conséquences à long terme. Cela jusqu’à ce que la température moyenne se soit stabilisée quelques temps après l’arrêt des émissions. Cette température moyenne sera beaucoup plus élevée qu’on ne le pense et il n’est pas sûr que ce soit compatible avec la vie humaine, sauf peut-être à certains endroits où il faudra migrer. En cas de migration, la sécurisation des centrales nucléaires jusqu’à leur démantèlement peut difficilement être assuré.





[1] Gaz à effet de serre.
[3] NOAA, National Centers for Environmental Information, State of the Climate: Global Analysis for 2012-2017, published online and retrieved between August 22, 2016 and February 21, 2017 from http://www.ncdc.noaa.gov/sotc/global/20yymm (yy=année, mm=mois)
[4] Voir dans le glossaire du GIEC la définition de « Industrial revolution »
[5] Voir dans le site du GIEC « IPCC - Climate Change 2001: Synthesis Report ; WG1 Summary ; page 29 », le graphique Figure 5 nous montre qu’en 1750 on était à environ 0,2°C en dessous de la période de référence 1961-1990 qui est sensiblement la même que celle du xxème siècle. Les experts consultés sont Michael E. Mann Pennsylvania State University et David Spratt « As 2015 smashes temperature records, it’s hotter than you think », 4ème graphique.

jeudi 12 mars 2015

Misère de la Pensée économique
par Paul Jorion

C'est un texte indispensable qui nous emmène d'Aristote à John Maynard Keynes en passant par Robespierre, St Just, Ricardo, Karl Marx, jusqu'à Joseph E. Stiglitz. L'auteur est trader aux USA, au coeur de la bulle immobilière des Subprimes au moment où elle explose. Il nous développe ses idées: son modèle productif qui au moment de la vente d'une marchandise/un service, produit un "Surplus" à distribuer entre actionnaires, entrepreneur et salariés. La part des salariés s'est fortement rétrécie au profit des actionnaires et des entrepreneurs, méritant un rééquilibrage en faveur des salariés, dont Keynes avait fait le "pivot" de son économie de marché. L'auteur propose une "Constitution pour l'Economie" dont l'un des axes est d'interdire les paradis fiscaux l'autre axe est d'interdire toute forme de "paris" sur l'évolution des prix (sur les marchés financiers). Mais, les ventes à terme ainsi que les options d'achat seraient autorisées. Elles lieraient leurs contreparties jusqu'à livraison. En conséquence, il n'existe pas pour elles de marché secondaire. Effectivement cela réduirait de 80% le volume de la spéculation dans le "casino" financier ! Avec, à mon avis, pour conséquence une nouvelle bulle immobilière globale pour toutes les énormes masses financières (des Trillions de $) qui chercheraient à s'investir quelque part en catastrophe. Il faudrait d'abord rediriger ces masses financières vers une éco-économie pour préparer l'avenir... Le livre vient d'être réédité au format poche, une très bonne chose !

dimanche 8 décembre 2013

Le besoin d'éthique dans le consumérisme nous détourne de la transition vers les énergies renouvelables


Notre activité de consommateur a modelé notre identité personnelle : choix de produits de marques, recherche de la mode dernier cri, frustrations engendrées par la rapidité des évolutions technologiques. Dans la mesure où cette activité nous conforte psychologiquement au jour le jour, l’exigence de moraliser le consumérisme devient une exigence de changer ce que nous sommes.

Nos désirs de consommateur dépassent notre capacité d’utilisation des produits que nous achetons. Car il y a des limites à ce que nous pouvons manger, porter, regarder, et au nombre de pièces occupables simultanément dans notre logement. Entre ce que nous achetons et ce que nous utilisons durablement, il y a le gaspillage qui empire avec le développement du consumérisme. La culpabilité d’acheter des objets inutiles est d’autant plus forte que les revenus des gens sont faibles. Au fil du temps, les jeunes gaspillent plus et culpabilisent moins que leurs aînés.

Dès lors, il apparaît évident que c’est un devoir moral de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) liés à l’achat de biens qui sont gaspillés, utilisés très brièvement, et donc de faire correspondre nos désirs de consommateur à nos besoins durables d’utilisateur.

Changer notre façon de consommer revient à renoncer à notre identité telle qu’elle nous est imposée par l’industrie manufacturière ; donc à nous défaire positivement de notre culpabilité sur notre responsabilité individuelle quant au changement climatique. Nos choix individuels visant la réduction des émissions de GES n’impliquent pas de renoncer à notre confort, car un changement dans nos comportements individuels n’a collectivement qu’un effet minime sur le réchauffement climatique.

Les politiques et les puissants groupes internationaux cherchent à déplacer leur responsabilité sur les problèmes environnementaux et énergétiques vers la sphère des comportements individuels où le coupable c’est la « nature humaine ». Le débat public actuel exempte les institutions et les entreprises qui pérennisent et augmentent les dégradations à l’environnement et les émissions de GES, en laissant croire que les comportements individuels dans nos décisions d’achats vont y changer quelque chose. Ce faisant, ils font de l’éthique consumériste une marchandise !

Au lieu de rechercher les solutions énergétiques permettant de résoudre les facteurs systémiques qui sont la cause du réchauffement climatique, ils orientent la discussion sur le plan de la morale individuelle. On nous demande d’acheter des produits éco-compatibles, d’isoler nos maisons, de recycler nos déchets, etc. Sans critiquer l’utilité indéniable de ces activités, focaliser sur elles nos espoirs et les présenter comme la solution aux problèmes climatiques, détourne complètement les esprits des vraies solutions et bloque la transition énergétique vers les énergies renouvelables.

Les espoirs de changement ne doivent pas être placés prioritairement sur le consommateur, mais sur le citoyen. Car les vraies solutions constituant la transition vers les énergies renouvelables ne viendront pas de notre comportement dans un supermarché, mais de notre choix dans l’isoloir.

En fait, le changement climatique est un problème collectif global pour l’espèce humaine. Il requiert des actions politiques globales très fortes et d’en verrouiller la mise en place par l’ensemble des gouvernements de la planète.

Bien sûr, la transition énergétique nécessite d’énormes investissements pour le développement et l’utilisation effective de transports ‘verts’ et d’unité ‘vertes’ de productions industrielles. L’ordre de grandeur de ces investissements à l’échelle mondiale est à rapprocher du montant quotidien de 100 trillions d’euros constituant l’ensemble des transactions financières dans le « shadow banking » et à travers les plateformes financières qu’on appelle les « dark pools ». Cette course vers toujours plus de revenus financiers, se révèle être le syndrome pathologique d’une addiction à l’argent pour laquelle on devrait se pencher vers une réponse médicale…

Ces montants faramineux qui restent majoritairement inutilisés dans l’économie réelle, devraient être bloqués et redirigés par les gouvernements vers la transition énergétique(1). Ensuite, les Etats devront empêcher tout risque systémique bancaire en interdisant les opérations constituant des « paris » sur les prix des produits financiers, par une législation globale appropriée. Sa mise en place doit être mondiale et simultanée. Toute velléité du ‘système’ financier de se réinvestir dans une nouvelle bulle immobilière ne peut être contrecarrée que par une ‘saisie’ globale des avoirs.  

La réorientation de cette masse énorme d’argent en investissements dans les énergies renouvelables surabondantes(2), pour une transition énergétique dans le cadre de l’économie réelle contrôlée par les Etats, permettrait de rendre gratuitement les ménages énergétiquement autonomes et indépendants.