Après un fort épisode El Niño, suivi d’une
accalmie commencée à l’été 2016, le réchauffement climatique a redémarré sans
explication en ce début de printemps 2017. En mars 2017, le réchauffement
global a atteint 1,25°C (courbe verte), tandis que l’indicateur précurseur, le
réchauffement au sol dans l’hémisphère nord marque 2,47°C (courbe bleue).
Le début 2016 avait été marqué par la fin
d’un puissant phénomène El Niño qui a fortement réchauffé les océans,
principalement de l’hémisphère sud, et l’atmosphère partout ailleurs. Les eaux
plus chaudes de l’océan austral ont dégelé la glace sous-marine de
l’Antarctique libérant des plateformes de glace qui faisaient barrage aux glaciers,
accélérant ainsi leur déroute. Les eaux chaudes des Caraïbes poussées vers le
nord par le Gulf Stream ont contribué à la fonte du Groenland et de l’océan Arctique.
Ce dernier devrait être quasiment libre de glaces l’été prochain.
Malheureusement, le principal facteur de
dégel au nord du cercle polaire demeure le réchauffement au sol en hémisphère nord
caractérisé par les plus fortes émissions de gaz à effet de serre de la
planète. Avec le printemps revient le soleil dans le cercle polaire Arctique. La
baisse du taux d’albédo fait que l’océan Arctique se réchauffe, ce qui va
accélérer la fonte des glaces, et fera baisser encore l’albédo. Cela s’appelle
une boucle de rétroaction amplificatrice. Les pergélisols terrestres et marins vont
continuer à relâcher du CO2 ou du méthane CH4 avec régularité, des GES[1], ce
qui réchauffe la planète et contribue à réchauffer les pergélisols. Encore une
boucle de rétroaction amplificatrice heureusement plus lente. Les climatologues
ont répertorié plus de 60 autres boucles de rétroaction amplificatrice. Le
climat est entré en territoire inconnu[2].
Graphique avec la mise à jour de mars 2017.
Ce graphique[3] est la prolongation de celui que j’avais publié en août 2016, avec la particularité que cette fois, le réchauffement est par rapport à la période préindustrielle au lieu de, précédemment par rapport au XXème siècle. Le GIEC a défini la période préindustrielle comme antérieure à 1750[4]. Dans l’accord de Paris à la COP21, les 1,5°C ou 2°C de réchauffement global se rapportent à la période préindustrielle. Ce changement facilite ainsi la lecture du graphique. Les experts estiment la différence entre les deux périodes de référence à environ 0,2°C[5].
Ce graphique[3] est la prolongation de celui que j’avais publié en août 2016, avec la particularité que cette fois, le réchauffement est par rapport à la période préindustrielle au lieu de, précédemment par rapport au XXème siècle. Le GIEC a défini la période préindustrielle comme antérieure à 1750[4]. Dans l’accord de Paris à la COP21, les 1,5°C ou 2°C de réchauffement global se rapportent à la période préindustrielle. Ce changement facilite ainsi la lecture du graphique. Les experts estiment la différence entre les deux périodes de référence à environ 0,2°C[5].
Les politiciens sont préoccupés par leurs réélections
au lieu du basculement des températures qui nous entraîne vers une nouvelle
normalité beaucoup plus chaude et pour le moment incontrôlable. Des élections
ont eu lieu dans l’UE en 2016 et se poursuivront en 2017. Dans cette période
des élections législatives et/ou présidentielles touchent les pays
suivants : Portugal, Irlande, Slovaquie, Autriche, Royaume-Uni (BREXIT),
Espagne, Estonie, Lituanie, Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Pays-Bas, France,
Allemagne, République Tchèque. La situation reste instable en Italie. 16 pays
sur 28 renouent des liens entre politiciens. Les élections en France et en Allemagne
décideront de l’avenir de l’UE.
Toutes les crises en cours se combinent,
s’amplifient et s’accélèrent : climatique, environnementale, numérique, économique,
financière, sociale, culturelle, de la disparition des ressources et des
espèces. Elles forment un ensemble systémique quasi impossible à contenir sans
un accord beaucoup plus contraignant que celui obtenu à la COP21, faute d’avoir
un pouvoir fort mondial.
En 2016 on comptait seulement 8 personnes qui
possèdent la même richesse que la moitié la plus pauvre de l’humanité. Leur
pouvoir de contrôle sur les médias conventionnels empêche les journalistes d’exprimer
tous les tenants, aboutissants et conséquences de ces crises, parce qu’on le leur
interdit ou parce qu’ils s’autocensurent. Le fait qu’ainsi une majorité de
journalistes ne parlent pas de ces crises préoccupantes, les minimisent (comme
la tempête Zeus), les évacuent de l’actualité, maintient les peuples dans l’ignorance
de ce qui les attend à moyen ou très court terme en matière de hausses des
températures et de leurs conséquences en événements de plus en plus extrêmes.
Les pouvoirs politiques et médiatiques
étant défaillants, seules des associations citoyennes peuvent s’organiser pour prendre
le relais, tout en se trouvant confrontées à l’hostilité des pouvoirs politiques,
économiques, financiers et médiatiques. Dans l’UE, la majorité des citoyens utilise
déjà les urnes depuis plus d’une décennie pour sanctionner les politiques dont l’autisme
flagrant prépare une situation prérévolutionnaire, sans qu’ils veuillent l’admettre !
À moins qu’un événement climatique plus grave que d’habitude constitue un jour la
goutte d’eau qui fait déborder le vase, libérant la parole qui pourra de
nouveau passer normalement dans les médias.
Après cette prise de parole nouvelle, la
première mission dévolue aux politiques sera l’arrêt complet des émissions de
gaz à effet de serre, puis l’examen des possibilités d’extraction du CO2 de
l’atmosphère, mais pour le mettre où ? Peut-être de le rejeter vers
l’espace ? Les politiques ne pourront pas empêcher les gens de porter
massivement plainte contre l’état pour les préjudices de son imprévoyance.
C’est l’accumulation des événements extrêmes
dans des laps de temps plus courts qui provoquera des disruptions de plus en
plus longues dans l’approvisionnement des produits de nécessité courante pour
notre mode de vie occidental. La préoccupation d’une alimentation quotidienne va
voir se dépeupler les villes au profit de la campagne où les gens peuvent s’investir plus facilement dans la production
maraîchère autonome, puis d’autres produits alimentaires.
Des groupes locaux de producteurs-consommateurs
se formeront autour de l’alimentation, de l’énergie et de la mobilité. Ils assoiront
l’indépendance de leurs échanges vis-à-vis de l’extérieur par l’usage de
monnaies locales. De nombreux groupes locaux se sont déjà formés avec un
imaginaire à la recherche de la résilience qui leur permettent d’affronter les
événements extrêmes à venir. Avec un habitat résistant aux fortes intempéries, des
lieux de production alimentaire protégés des inondations, des lieux de repli et
de migration possibles en cas de submersion de catastrophes successives.
Maintenant que la fenêtre d’opportunités pour
l’action s’est refermée, les conséquences immédiates d’arrêter ou pas les émissions
de GES sont semblables sauf les conséquences à long terme. Cela jusqu’à ce que la
température moyenne se soit stabilisée quelques temps après l’arrêt des
émissions. Cette température moyenne sera beaucoup plus élevée qu’on ne le pense
et il n’est pas sûr que ce soit compatible avec la vie humaine, sauf peut-être
à certains endroits où il faudra migrer. En cas de migration, la sécurisation
des centrales nucléaires jusqu’à leur démantèlement peut difficilement être assuré.
[3] NOAA, National Centers for Environmental Information, State of the
Climate: Global Analysis for 2012-2017, published online and retrieved between
August 22, 2016 and February 21, 2017 from http://www.ncdc.noaa.gov/sotc/global/20yymm (yy=année, mm=mois)
[4] Voir dans le glossaire du
GIEC la définition de « Industrial revolution »
[5] Voir dans le site du GIEC « IPCC - Climate Change 2001:
Synthesis Report ; WG1 Summary ; page 29 »,
le graphique Figure 5 nous montre qu’en 1750 on était à environ 0,2°C en
dessous de la période de référence 1961-1990 qui est sensiblement la même que
celle du xxème siècle. Les experts consultés sont Michael E. Mann Pennsylvania
State University et David Spratt « As 2015 smashes temperature
records, it’s hotter than you think », 4ème
graphique.
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