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jeudi 12 mars 2015

Misère de la Pensée économique
par Paul Jorion

C'est un texte indispensable qui nous emmène d'Aristote à John Maynard Keynes en passant par Robespierre, St Just, Ricardo, Karl Marx, jusqu'à Joseph E. Stiglitz. L'auteur est trader aux USA, au coeur de la bulle immobilière des Subprimes au moment où elle explose. Il nous développe ses idées: son modèle productif qui au moment de la vente d'une marchandise/un service, produit un "Surplus" à distribuer entre actionnaires, entrepreneur et salariés. La part des salariés s'est fortement rétrécie au profit des actionnaires et des entrepreneurs, méritant un rééquilibrage en faveur des salariés, dont Keynes avait fait le "pivot" de son économie de marché. L'auteur propose une "Constitution pour l'Economie" dont l'un des axes est d'interdire les paradis fiscaux l'autre axe est d'interdire toute forme de "paris" sur l'évolution des prix (sur les marchés financiers). Mais, les ventes à terme ainsi que les options d'achat seraient autorisées. Elles lieraient leurs contreparties jusqu'à livraison. En conséquence, il n'existe pas pour elles de marché secondaire. Effectivement cela réduirait de 80% le volume de la spéculation dans le "casino" financier ! Avec, à mon avis, pour conséquence une nouvelle bulle immobilière globale pour toutes les énormes masses financières (des Trillions de $) qui chercheraient à s'investir quelque part en catastrophe. Il faudrait d'abord rediriger ces masses financières vers une éco-économie pour préparer l'avenir... Le livre vient d'être réédité au format poche, une très bonne chose !

mardi 10 mars 2015

Un Avenir ?


Des emplois nouveaux

Faire passer le régime énergétique mondial des combustibles fossiles et du nucléaire vers les énergies renouvelables va nécessiter des millions de travailleurs dans de nouvelles entreprises. Des millions d’immeubles seront à isoler parfaitement avant d’y implanter une autoproduction d’électricité et de chaleur. Au plan local, la gestion ‘smart-grid’[1] des petits producteurs d’électricité verte va employer des centaines de milliers de travailleurs dans toutes les villes et communes.

L’installation d’unités locales de stockage d’électricité, comme par exemple sous forme d’hydrogène[2], représente un tout nouveau secteur d’activité à créer.

Des emplois dans le secteur ‘non profit’

Dans l’avenir l’emploi va migrer des secteurs traditionnels, agriculture, industrie, commerce, services, vers le secteur ‘non profit’[3] c’est-à-dire à but non lucratif. C’est le secteur ou l’emploi augmente le plus vite. Il compte des millions de bénévoles, mais aussi des millions d’actifs avec un emploi, par exemple en Belgique, sur une croissance de l’économie totale en 2007 de 3,6 %, la croissance du ‘non profit’ est de 7 %.

Dans une étude[4] sur 42 pays, 56 millions de travailleurs salariés à plein temps travaillent aujourd’hui dans le secteur ‘non profit’, par exemple les Pays-Bas 15,9 % de salariés, en Belgique 13,1 %, au Royaume-Uni 11 %, en France 9 %, en Allemagne 6,8 %, moyenne 5,6 % sur 42 pays.

Les travailleurs du secteur ‘non profit’ sont composés de 42% de bénévoles et de 59 % de salariés. Les revenus des organismes ‘non profit’ proviennent à 50 % de revenus pour services rendus, à 36 % de subventions du secteur public, et à14 % de dons.

Aujourd’hui les gens se disent : je peux me servir de l’Internet pour partager toutes sortes de choses qui ne sont pas hors ligne dans le monde réel. Notamment les sites de location, les distributions de denrées alimentaires, les échanges culturels, les échanges de compétences professionnelles.

Avec son taux de croissance plus rapide, le ‘non profit’ ne sera plus un secteur de niche dans l’économie, mais deviendra le paradigme dominant.

Le consumérisme

Le consumérisme est un système pathologique qui fonctionne sur une liquidité préservée des produits et sur une consommation qui augmente sans cesse. Il s’effondre dès que l’un des deux se bloque. Sa pathologie est basée sur une double angoisse : celle d’un consommateur à la recherche de nouveautés pour afficher un statut social, et celle d’un entrepreneur à la recherche d’innovation pour ne pas être distancé par le marché de la consommation.[5]

Le passage rapide et irréversible de la Chine à une culture consumériste compromet toute tentative de réduire les émissions de CO2 qui porteraient atteinte à la croissance, et leur gouvernement perdrait toute légitimité politique s’il s’avisait de mettre en place les mesures exigées par les experts du changement climatique.[6]

Le changement climatique

Le changement climatique qui a lieu en ce moment à cause de l'augmentation de la concentration de CO2 est en grande partie irréversible pour 1000 années après l'arrêt des émissions.[7]

La base de l'hypothèse selon laquelle un choix peut toujours être fait pour réduire rapidement les émissions et ainsi inverser sans mal dans quelques années ou décennies les émissions de CO2, est fausse en raison de la longévité de la perturbation due au CO2  et au réchauffement atmosphérique et des océans. Des changements climatiques irréversibles dus aux émissions deCO2 ont déjà eu lieu, et les émissions futures de CO2 impliqueraient d'autres effets irréversibles pour la planète.

Une augmentation de 4°C de la température moyenne de la Terre détruira 85% de la forêt tropicale Amazonienne. Une augmentation de 4°C de la région Arctique nous rapproche terriblement du seuil de libération du CO2 et du méthane CH4 actuellement piégé dans le pergélisol (sol gelé en permanence) de Sibérie et du Groenland.[8]

La1ère cause du bouleversement climatique réside dans le pouvoir politique du lobby des combustibles fossiles, semant le doute dans l’opinion publique, et réussissant à éviter la limitation des gaz à effets de serre. Il est ahurissant qu’ils aient pu rester impunis jusqu’à présent.[9]

Figure 1. Etat actuel et évolution
si on ne prend pas de mesure.[11]
(cliquer pour agrandir)
La préoccupation du changement climatique est devenue plus forte chez les électeurs européens en 2014, mais ils se sentent impuissants individuellement. Ceci peut angoisser les plus préoccupés à un tel point que des psychologues mettent au point des stratégies destinées à gérer le malaise provenant des messages de la climatologie. Les stratégies les plus adéquates acceptent positivement les faits climatiques et les émotions qu’ils véhiculent quant à la réflexion sur notre propre avenir, celui de nos enfants et plus généralement celui de la planète. Ce qui réclame une solidité émotionnelle pour ne pas se laisser submerger.[10]


Evolution dans le temps de l’humanité
Le 1er groupe de 3 graphiques ci-dessous montrent, l’état actuel de la planète, et ce qui se produira jusqu’à l’an 2100, sur les plans de l’état de la planète, le niveau de vie matériel et le bien-être humain si on ne prend aucune mesure.[11]

Le 2nd groupe de 3 graphiques est le meilleur scénario qui aurait cherché, à partir de 2002, à stabiliser la population, et la production industrielle par habitant. Tout en créant des technologies relatives à la limitation de la pollution et en appliquant la transition énergétique, en réduisant l’exploitation des ressources de la planète et en transformant l’agriculture vers le bio.[12]

En guise de conclusion

Je pense que, pour être juste, la planète nous voit probablement comme une menace légère. Quelque chose à traiter. Et je suis sûr que la planète va se défendre à la manière d'un grand organisme, comme une ruche ou une colonie de fourmis, et se rassembler pour prépare sa défense.

Figure 2. Meilleur scénario si
on prend des mesures pour faire
évoluer nos comportements.[12]
(cliquer pour agrandir)
L'éthique - une éthique non-idéologique - permettrait d'apporter de l'équilibre et un ordre social plus humain. Dans cet esprit, j'invite les experts financiers et les dirigeants politiques à méditer les paroles d'un des sages de l'antiquité: «Ne pas partager sa richesse avec les pauvres c'est les voler et leur enlever leur gagne-pain. Car ce n'est pas nos propres biens que nous détenons, mais les leurs ". Le Pape François.
__________________________________

2. Voir Transition vers les énergies renouvelables dans ce blog. Voir les sites Hydrogenics et McPhy.
3. Voir à ce sujet ‘La Nouvelle Société du Coût Marginal Zéro’, de Jeremy Rifkin, 2014, pp. 398-402.
4. Voir ‘Putting the Civil Society Secteur on the Economic Map of the World’ (Situer la société civile sur la carte du monde), Lester Salamon, John Hopkins University, aux Etat-Unis.
5. Voir ‘Le besoin d'éthique dans le consumérisme nous détourne de la transition vers les énergies renouvelables’ dans ce blog. Voir aussi ‘Prospérité sans croissance La transition vers une économie durable’ dans ce blog.
6. Voir ‘Requiem pour l’Espèce Humaine’ de Clive Hamilton, page 111.
7. Voir ‘Irreversible Climate Change Due to Carbon Dioxide Emissions’, Susan Solomon et autres.
8. Voir ‘Requiem pour l’Espèce Humaine’ de Clive Hamilton, page 22.
9. Ibid. page 137.
10. Ibid. page 140
11. Voir ‘Les limites à la croissance (dans un monde fini)’, 2004(en) 2012(fr), de Donella Meadows, Dennis Meadows, Jorgen Randers, page 249.
12. Ibid. page 347.


lundi 20 mai 2013

Prospérité sans croissance
La transition vers une économie durable

Ce livre démontre la faisabilité d’une économie durable dans les limites d’un monde fini. C’est donc l’ouvrage le plus important depuis le dernier « diagnostic » du groupe de chercheurs du MIT paru sous le titre « Les limites à la croissance ».

« Le défi actuel pour l’humanité est de reconnaître et préciser les conditions d’une prospérité possible dans les limites d’une planète finie. Réaliser une prospérité durable ne peut se faire qu’en fournissant aux Êtres humains des capacités d’épanouissement à l’intérieur de ces limites dictées par les ressources disponibles et par une économie écologique.

La croissance n’est pas soutenable, car les ressources nécessaires à la production sont limitées. La croissance accroît les coûts environnementaux et les inégalités de bien-être social. La décroissance est instable et diminue la consommation, ce qui accroît le chômage. Elle diminue la compétitivité qui conduit à une spirale récessionniste. C’est le dilemme de la croissance, car elle conduit à l’impossibilité d’une prospérité durable.

Il est nécessaire de réparer les effets désastreux du consumérisme sur les Être humains. Le consumérisme est un système pathologique qui fonctionne sur une liquidité préservée des produits et une consommation qui augmente sans cesse. Il s’effondre dès que l’un des deux se bloque. Sa pathologie est basée sur une double angoisse : celle d’un consommateur à la recherche de nouveautés pour afficher un statut social, et celle d’un entrepreneur à la recherche d’innovation pour ne pas être distancé par le marché de la consommation. Face à ces mécanismes, une prospérité durable représente le défi immense de créer d’autres structures économiques et sociales. »


L’auteur nous définit un nouveau cadre macroéconomique où il inscrit l’activité économique à l’intérieur des limites écologiques d’une planète finie. L’auteur développe les équations d’un nouveau modèle macroéconomique écologique ! La logique du consumérisme doit changer pour des alternatives crédibles permettant l’épanouissement des Êtres humains sans accumulation matérielle non durable.

« La dérive culturelle qui renforce l’individualisme aux dépens de la société et qui soutient l’innovation aux dépens de la durabilité et de la tradition, constitue une distorsion de la condition humaine. C’est une dérive qui sert et est servie par la recherche de la croissance, et qui peut conduire à une utopie matérialiste et en finalité à des déceptions humaines. Car les limites écologiques de la planète ne nous donnent pas la capacité de réaliser ce rêve.

D’ici à la fin du siècle, nos enfants et nos petits enfants seront confrontés à un climat hostile, à l’épuisement des ressources, à la destruction des habitats, à la disparition des espèces, à la rareté alimentaire, aux migrations de masse et, de manière presque inévitable à la guerre.

Nous n’avons donc pas d’autre choix que de travailler à la transformation des structures et des institutions qui soutiennent le corps social avec une vision crédible de prospérité durable. Le changement peut être influencé par notre comportement électoral par la pression démocratique que nous exerçons sur nos dirigeants et par un activisme associatif ou de terrain.

En premier lieu nous devons établir les limites écologiques à l’activité humaine. Deuxièmement, nous devons remédier à l’inculte science économique de la croissance permanente. Enfin, nous devons transformer la logique sociale nuisible du consumérisme. Seule compte notre capacité à croire dans le changement et à y travailler. »


Olivier Berruyer nous en apprend beaucoup dans son blog sur la grande illusion des prévisions de croissance.


Tim Jackson ________________________________
1. « Prospérité sans croissance – La transition vers une économie durable » L’auteur, Tim Jackson, est économiste, professeur de développement durable à l’Université du Surrey. Il mène des recherches au « Centre for Environmental Strategy » (CES) sur la psychologie sociale des consommateurs.
2. « Les limites à la croissance (dans un monde fini) » est une traduction française de « The Limits to Growth, The 30-Year Update ».

jeudi 26 juillet 2012

Les limites à la croissance

Ceux d’entre nous qui dans les années 70, s’étaient intéressés aux travaux du Club de Rome sur la croissance, n’ont pas pu manquer la parution en français de la mise à jour du fameux rapport Meadows : « Les limites à la croissance1 ».

Il ya donc 40 ans en 1972, Donella Meadows, Dennis Meadows, Jorgen Randers et 14 autres chercheurs du MIT2 mettaient la Théorie de la Dynamique des Systèmes en équations pour modéliser la croissance. La Théorie de la Dynamique des Systèmes provient des travaux de Jay Forrester, professeur au MIT, concepteur du modèle informatique Word3. La version initiale de Word3 a été adaptée en Word3-91 et les résultats furent publiés sous « Beyond the Limits » en 1992. Une adaptation nouvelle en Word3-03 a engendré les résultats publiés en 2004, dont nous lisons enfin la traduction sous « Les limites à la croissance (dans un monde fini) » en 2012. 

D’après les auteurs, le scénario initial de 1972 se confirme actuellement, bien qu’il soit basé sur des données de l’époque qui décrivent de façon réaliste la seconde moitié du 20ème siècle. On y constate un décrochage avant 2020 de la production industrielle, de la production agricole (nourriture disponible),  de l’espérance de vie, du bien-être humain et des ressources non renouvelables de la planète. 

Après avoir tenté divers scénarios, les auteurs décrivent, dans un scénario n° 9, une planète qui aurait cherché, à partir de 2002, à stabiliser sa population et sa production industrielle par habitant, et qui investit dans la lutte antipollution, dans la préservation des ressources non renouvelables et dans l’agriculture. 

Cet ouvrage est à recommander comme livre de référence pour nos politiciens qui, avant de parler de « relancer » la croissance, devraient se poser les questions suivantes : À quoi sert la croissance ? À qui bénéficie-t-elle ? Combien de temps durera-t-elle ? Cette croissance peut-elle être supportée par la planète ? Ce type de croissance sert-il des objectifs sociétaux et favorise-t-il la durabilité ? 

Une société durable réviserait les modes de répartition actuels entre pauvres et riches pour qu’ils soient plus équitables. Maintenir les pauvres dans le dénuement entretient le germe de la révolte et de la guerre, et empêche de stabiliser la démographie durablement au niveau mondial. Une société durable cherchera à répondre aux besoins de tous les êtres humains. Pourvu que ceux-ci admettent que le potentiel de croissance qu’il nous reste soit réparti entre tous, et à ceux qui en ont le plus besoin. Une société durable ne peut pas se bâtir sur le découragement des plus faibles, sur le chômage, car ce sont les résultats de l’interruption de croissance de l’économie actuelle. On peut arrêter la voiture de l’économie avec ses freins, de façon durable, ou avec un mur de pierre, à la façon de la récession actuelle. 

L’économie mondiale est en dépassement de toutes les limites physiques de la planète, ce qui amène son basculement inattendu, rapide, incompatible pour y faire face avec le temps d’adaptation nécessaire aux individus et aux entreprises. Une approche volontariste vers la durabilité nécessite une préparation lente pour que chacun trouve sa place dans une nouvelle économie durable.
__________________________ 

1.  « Les Limites à la Croissance (dans un monde fini) » est une traduction française de « The Limits to Growth, The 30-Year Update ». C’est la mise à jour en 2004, 30 ans après, du fameux Rapport Meadows de 1972 qui fut inspiré par Aurelio Peccei, fondateur du Club de Rome, au Groupe Dynamique des Système au sein du MIT qui s’est servi de la ‘Théorie de la Dynamique des Systèmes’ pour analyser les causes et conséquences à long terme de la croissance mondiale. Le Rapport Meadows fut publié en français sous le titre « Halte à la croissance ? ».

2. MIT Massachusetts Institute of Technology, Sloan School: Alison A. Anderson, USA, Erich K.O. Zahn Allemagne, Ilyas Bayar, Turquie, Jay M. Anderson, USA, Farhad Hakimzadeh, Iran, William W. Behrens III, USA, Judith A. Machen, USA, Steffen Harbordt, Allemagne, Peter Milling, Allemagne, Nirmala S. Murthy, Inde, Roger F. Naill, USA, Stephen Schantzis, USA, John A. Seeger, USA, Marilyn Williams, USA.

mardi 10 avril 2012

Smart Grids : Les réseaux d’une nouvelle ère

Les réseaux qui nous apportent l’électricité sont en train d’être modernisés. On appelle ces nouveaux réseaux le « Smard Grid ». C’est un réseau d’énergie électrique avancé auquel on a ajouté un moyen de communication numérique bidirectionnelle entre le fournisseur et le consommateur, un moyen ressemblant fort à l’Internet. Un système intelligent de mesure (Smart Metering) utilise cette communication électronique entre la plateforme informatique du fournisseur et le compteur intelligent (Smart Meter) du consommateur. On peut alors ajouter des informations qu’un compteur classique ne donne pas. Ceci est indispensable quand le consommateur est aussi un micro-producteur d’électricité d’origine renouvelable, par exemple s’il possède des panneaux solaires photovoltaïques (PV). Le fournisseur peut alors réguler la charge électrique du réseau entre les micro-producteurs et la compléter avec l’électricité provenant d’autres sources, par exemple d’éoliennes, de stockages hydrauliques par pompage, de stockages en hydrogène, ou par défaut d’autres sources d’énergie polluantes par les gaz à effet de serre qu’elles produisent.


Jusqu'à présent nous avions un réseau unidirectionnel, où l’électricité se déplaçait des centrales nucléaires et fossiles vers le consommateur. Avec les énergies renouvelables distribuées par nature sur tout le territoire (PV et éolien), l’électricité est produite et consommée sur place, localement. Les micro-producteurs d’électricité peuvent produire des biens durables pour un marché local, et ainsi devenir des micro-industriels durables grâce à la production de leurs propres énergies. On peut parler ainsi d’un début de capitalisme durable.
Un exemple de ces micro-industriels est Buzzcar.com qui travaille dans le secteur de la mobilité locale et durable. Ayant observé qu’un grand nombre de propriétaires d’autos utilisent leurs véhicules moins d’une ou deux heures par jour, Buzzcar les met en relation avec des conducteurs, avec le slogan : « Rentabilisez votre voiture en la louant ; Louez une voiture à la journée ou à l’heure ». Ainsi, les voitures ne s’éloignent pas beaucoup de leurs propriétaires. Et ça fonctionne aussi bien avec des voitures rechargées avec de l’électricité renouvelable, locale et distribuée sur tout le territoire.


Bientôt ces micro-producteurs vont adapter la surface de leurs panneaux PV pour produire l’électricité de leur voiture électrique (EV). Encore mieux, ils vont stocker leurs besoins futurs de mobilité électrique dans des batteries ou mieux dans l’hydrogène(1) produit localement, et utilisé sous forme électrique dans une plie à combustible (locale ou d’un véhicule). Ces micro-producteurs vont se regrouper en associations, coopératives, ou avec l’aide de leurs administrations communales de manière à vendre leurs surplus d’électricité. Ils pourront aussi, par ce moyen, mutualiser le prix d’un stockage local pour leurs besoins futurs (heures de pointe, EV). Ces groupements de micro-producteurs vont se regrouper aux niveaux national et européen, de manière à défendre leurs intérêts vis-à-vis des fournisseurs traditionnels qui possèdent les réseaux de transport d’électricité à longue, moyenne et courte distance (haute tension, moyenne tension et basse tension).


Ces gestionnaires de grands réseaux vont progressivement se déconnecter des centrales impactant l’effet de serre, ou dont l’approvisionnement est basé sur une source fossile devenant rare et chère. Parce que les sources d’énergie renouvelables sont surabondantes(2) et déjà plus économiques (y compris le nucléaire(3)). Les réseaux Smart Grid transeuropéens permettront à ces gestionnaires d’employer les énormes capacités inutilisées de stockage en hydraulique dont dispose l’Italie, au bénéfice des consommateurs et du climat européen et mondial.


Les micro-industriels durables sont déjà devenus dans certains cas des entreprises importantes. On s’aperçoit qu’ils sont peu impactés par la crise économique, et qu’ils continuent à créer des emplois durables. Ce qui n’est pas le cas pour les entreprises qui veulent se développer sur les énergies fossiles. Ainsi, l’économiste en chef de l’Agence Internationale de l’Énergie, Fatih Birol, a reconnu que la croissance de la production économique et les cours du pétrole sont devenus indissociables. Ainsi l’économie mondiale s’est arrêtée en juillet 2008 quand le pétrole avoisinait 140 $ le baril. L’économie a été relancée. Mais aujourd’hui à près de 120 $ le baril de nombreux pays européens sont entrés en récession et ont de plus en plus de difficultés face à la dette publique. Le chômage s’étend partout. Certains appellent ceci le « pic de la mondialisation », après le pic du pétrole.
Désormais une relance de l’économie doit clairement cibler le capitalisme durable, les entreprises non basées sur le pétrole, les micro-industriels durables et l’installation de capteurs d’énergies renouvelables (PV et éolien) chez ces derniers et chez les micro-producteurs d’électricité. La croissance économique ne peut plus venir que de là !


Auparavant, les gestionnaires de grands réseaux se disaient incapables de connecter des millions de micro-producteurs d’électricité. Désormais les nouveaux Smart Grid le permettent avec des gestions plus locales et plus proches des micro-producteurs. Le Smart Grid permet aussi une gestion transeuropéenne des flux d’énergie. Il est légitime d’attribuer aux Smart Grids l’entrée dans une nouvelle économie durable qui est une véritable révolution industrielle.
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(1) Voir l’article : Quel carburant dans l’avenir pour les autos
(2) Voir l’article : L’énergie solaire est surabondante
(3) Voir l’article : Le nucléaire un an après Fukushima