Il ya donc 40 ans en 1972, Donella Meadows, Dennis Meadows, Jorgen
Randers et 14 autres chercheurs du MIT2 mettaient la Théorie de la
Dynamique des Systèmes en équations pour modéliser la croissance. La Théorie de
la Dynamique des Systèmes provient des travaux de Jay Forrester, professeur au
MIT, concepteur du modèle informatique Word3. La version initiale de Word3 a
été adaptée en Word3-91 et les résultats furent publiés sous « Beyond the
Limits » en 1992. Une adaptation nouvelle en Word3-03 a engendré les
résultats publiés en 2004, dont nous lisons enfin la traduction sous « Les
limites à la croissance (dans un monde fini) » en 2012.
D’après les auteurs, le scénario initial de 1972 se confirme actuellement,
bien qu’il soit basé sur des données de l’époque qui décrivent de façon
réaliste la seconde moitié du 20ème siècle. On y constate un
décrochage avant 2020 de la production industrielle, de la production agricole
(nourriture disponible), de l’espérance
de vie, du bien-être humain et des ressources non renouvelables de la planète.
Après avoir tenté divers scénarios, les auteurs décrivent, dans un
scénario n° 9, une planète qui aurait cherché, à partir de 2002, à stabiliser
sa population et sa production industrielle par habitant, et qui investit dans
la lutte antipollution, dans la préservation des ressources non renouvelables
et dans l’agriculture.
Cet ouvrage est à recommander comme livre de référence pour nos
politiciens qui, avant de parler de « relancer » la croissance,
devraient se poser les questions suivantes : À quoi sert la
croissance ? À qui bénéficie-t-elle ? Combien de temps
durera-t-elle ? Cette croissance peut-elle être supportée par la
planète ? Ce type de croissance sert-il des objectifs sociétaux et
favorise-t-il la durabilité ?
Une société durable réviserait les modes de répartition actuels entre
pauvres et riches pour qu’ils soient plus équitables. Maintenir les pauvres
dans le dénuement entretient le germe de la révolte et de la guerre, et empêche
de stabiliser la démographie durablement au niveau mondial. Une société durable
cherchera à répondre aux besoins de tous les êtres humains. Pourvu que ceux-ci
admettent que le potentiel de croissance qu’il nous reste soit réparti entre
tous, et à ceux qui en ont le plus besoin. Une société durable ne peut pas se bâtir
sur le découragement des plus faibles, sur le chômage, car ce sont les résultats
de l’interruption de croissance de l’économie actuelle. On peut arrêter la voiture
de l’économie avec ses freins, de façon durable, ou avec un mur de pierre, à la
façon de la récession actuelle.
L’économie mondiale est en dépassement de toutes les limites physiques
de la planète, ce qui amène son basculement inattendu, rapide, incompatible pour
y faire face avec le temps d’adaptation nécessaire aux individus et aux entreprises.
Une approche volontariste vers la durabilité nécessite une préparation lente
pour que chacun trouve sa place dans une nouvelle économie durable.
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1. « Les
Limites à la Croissance (dans un monde fini) » est une traduction
française de « The Limits to Growth, The 30-Year Update ». C’est la
mise à jour en 2004, 30 ans après, du fameux Rapport Meadows de 1972 qui fut
inspiré par Aurelio Peccei, fondateur du Club de Rome, au Groupe Dynamique des
Système au sein du MIT qui s’est servi de la ‘Théorie de la Dynamique des
Systèmes’ pour analyser les causes et conséquences à long terme de la
croissance mondiale. Le Rapport Meadows fut publié en français sous le titre « Halte
à la croissance ? ».
2. MIT Massachusetts Institute of Technology, Sloan
School: Alison A. Anderson, USA, Erich K.O. Zahn Allemagne, Ilyas Bayar,
Turquie, Jay M. Anderson, USA, Farhad Hakimzadeh, Iran, William W. Behrens III,
USA, Judith A. Machen, USA, Steffen Harbordt, Allemagne, Peter Milling,
Allemagne, Nirmala S. Murthy, Inde, Roger F. Naill, USA, Stephen Schantzis,
USA, John A. Seeger, USA, Marilyn Williams, USA.