La fenêtre d’opportunité permettant d’agir contre le
réchauffement climatique pour le contenir en-dessous de 2 degrés Celsius -
selon les engagements mondiaux pris à la COP21 - est en train de se refermer,
et le sera probablement complètement en 2017.
Depuis 2015, les mesures mensuelles du réchauffement de la
planète montrent une accélération non linéaire notamment en 2015 et ces six
premiers mois de 2016. Parmi ces mesures celles qui accélèrent le plus sont les
températures du réchauffement au sol dans l’Hémisphère Nord: +1,44°C en moyenne
pour 2015, +1,37°C en juin 2016, le record étant de +2,72°C en mars 2016. (1)
La courbe du
réchauffement au sol dans l'Hémisphère Nord s'infléchit radicalement vers le
haut. Il semble que nous vivions en ce moment le Point de Basculement (en
anglais: Tipping Point) du réchauffement au sol dans l'hémisphère Nord. Ces
mesures sont celles qui accélèrent le plus d’octobre à avril en 2015 et 2016.
Elles vont inévitablement entraîner à leur suite le réchauffement accéléré de
tout l'hémisphère Nord (sols et océans), et de toute la planète, avec cependant
un petit retard dû à l'hémisphère Sud.
Le
véritable changement climatique c'est maintenant, ce n'est pas pour nos petits
enfants mais pour la génération présente.
Aux conséquences visibles que nous connaissions déjà (fontes des glaciers, de la calotte polaire Arctique, inondations, sécheresses, feux de forêts, ouragans et typhons plus dévastateurs) s'ajoutent maintenant la fonte du pergélisol (sol qui reste gelé en permanence) en Sibérie du nord et de l'est, dont la conséquence est de libérer le méthane emprisonné dans les immenses étendues de marais et tourbières que le gel retenait jusqu'à présent. Le méthane est un Gaz à Effet de Serre (GES) 36 fois plus agressif que le dioxyde de carbone. Le pergélisol du Groenland pourrait fondre rapidement à son tour libérant encore plus de méthane.
Pendant le renouvellement des dirigeants politiques occidentaux
à la charnière 2016-2017 (Etats-Unis, France, Allemagne, Royaume-Unis) leurs
préoccupations sont bien loin du réchauffement climatique. Les candidats en lice
nous montrent un probable délitement politique et démocratique à venir pendant
cette très petite période cruciale qu’il reste pour ramener le réchauffement
climatique en-dessous de 2 degrés Celsius. Il faut rappeler que la limite des 2
degrés est la condition de la survie décente de l’espèce humaine sur la planète
Aux États Unis, « l’establishment » (political
insiders) conservateur Républicain est complètement coincé dans le déni du
réchauffement climatique (pour eux c’est un complot mené par 97% des
scientifiques, et par le parti Démocrate). La majorité des Américains sont d’accord
de faire passer le business avant le climat.
Du côté des banques centrales, on s’empiffre aux dettes générées par les
coûts croissants de l'énergie nécessaire pour faire tourner l’économie en mode « business
as usual. » En sachant que cette planche à billets ne profite qu’au 0,1 %
!
On peut résumer la situation par des corrélations fortes
entre plusieurs énormes crises qui nous arrivent ensemble, tel le soliton cher
à Paul Jorion.
1. La crise environnementale: réchauffement climatique, disparitions des ressources fossiles, des espèces et végétaux dont nous dépendons.
2. La crise économique et financière: incapacité des pays de la planète à coordonner leurs actions à la hauteur des enjeux climatiques imminents : appauvrissement des classes sociales, incapacité d'orienter les ressources financières vers les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique de l’habitat et les transports électriques.
3. La crise sociale: suspicions envers les élites et les politiques, perspective d’adaptation forcée et rapide à une agriculture biologique locale résiliente et auto suffisante, à une auto production énergétique autarcique.
Avant que cette fenêtre d’opportunités pour l’action ne se
ferme, la production des gaz à effet de serre devrait presque quasiment
s'arrêter, ce qui signifie un arrêt brutal de la presque totalité de
l’extraction de toutes les formes d’énergie fossiles, et des conséquences très
brutales sur l’arrêt du mode de vie occidental par absence d’alternatives
vraiment disponibles !
Ce qui semble être le plus inquiétant sont les centrales
nucléaires. Car, si leur arrêt était décidé, il faut plus d'un an pour les
refroidir et des années, voir des décades, pour les démanteler. Ce qui suppose
de disposer d'énormes quantités d'énergie pendant le temps nécessaire, car en
cas de défaillance l'énormité des territoires devenus inaccessibles
contraindrait à des migrations supplémentaires.
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(1) NOAA
National Centers for Environmental Information, State of the Climate: Global
Analysis for 2012-2016, published online and retrieved on August 22, 2016 from http://www.ncdc.noaa.gov/sotc/global/20yymm
(yy=année, mm=mois)